Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 27 avril au 12 mai 2024

(Historique de l'agenda)

IVG dans la constitution : « En 2023, ce n’est pas l’avortement qui est menacé ». Caroline Roux, La Croix, tribune le 03.11.2023 

Directrice générale adjointe d’Alliance VITA, Caroline Roux dénonce les arguments de l’exécutif pour inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. Elle estime que cette démarche est une instrumentalisation d’une question délicate et demande une « étude impartiale » sur les « causes, conditions et conséquences » de l’IVG en France.Caroline Roux, le 03/11/2023 à 16:34Lecture en 3 min.IVG dans la constitution : « En 2023, ce n’est pas l’avortement qui est menacé »Caroline Roux, directrice générale adjointe d’Alliance VITA, dans une manifestation à l’appel du groupe « Soulager mais pas tuer », le 21 janvier 2015. Dans sa tribune, Caroline Roux dénonce les arguments de l’exécutif pour inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution.

JACQUES DEMARTHON/AFPCOMMENTER PARTAGER À VOTRE ENTOURAGE PARTAGER SUR FACEBOOK PARTAGER SUR TWITTER LECTURE FACILE CLASSER L’ARTICLE IMPRIMERRÉAGIRPARTAGERTWITTER

En annonçant le 29 octobre 2023 un projet de loi pour inscrire l’avortement dans la Constitution, le président de la République instrumentalise de façon indécente la délicate question de l’IVG. Les femmes ne méritt pas ce traitement politicien déconnecté des réalités de terrain.

Pourquoi importer en France le débat américain après l’arrêt de la Cour suprême qui a conduit à transférer la compétence législative de l’avortement aux États fédérés ? Cette transposition est hors sol en France : non seulement le recours à l’IVG est inscrit dans la loi, mais encore son cadre n’a cessé d’être élargi, sans véritable débat. Quid des règles relatives à la protection du fœtus et quid de la liberté de conscience des soignants à l’avenir ?

Un nombre record d’avortements

Le message du président sur X est affligeant : « En 2024, la liberté des femmes de recourir à l’IVG sera irréversible. » Si l’avortement demeure une question sensible, c’est justement parce qu’il s’agit d’un acte irréversible qui met des vies en jeu.En 2022, la France a connu le nombre record de 234300 avortements. Dans ce contexte, la constitutionnalisation de l’IVG, dont l’accès n’est nullement menacé, est aberrante. Les urgences sociales sont tout autres.

À lire aussi - Inscription du droit à l’IVG dans la Constitution : l’inquiétude de l’Église

Grâce aux études de la Drees, le gouvernement ne peut ignorer que les femmes aux revenus les plus faibles ont davantage recours à l’IVG que les plus aisées. Alliance VITA accompagne des femmes confrontées à des grossesses inattendues depuis vingt-cinq ans ; elles sont tristement nombreuses à se tourner vers l’IVG à contrecœur sous les pressions masculines ou de l’entourage et pour des raisons économiques. Dans le contexte actuel de précarité grandissante pour les femmes et pour de nombreux couples, comment pouvons-nous nous satisfaire que l’avortement soit devenu un marqueur d’inégalité sociale ?

Une expérience qui peut être traumatisanteInscrire la « liberté » d’avorter dans la Constitution revêt une portée symbolique si forte qu’il sera encore plus difficile pour les femmes d’exprimer leur ambivalence face à une grossesse inattendue. Comment se décider librement lorsqu’on est sous contrainte ?

Le témoignage récent de Britney Spears est à ce titre éloquent. La chanteuse confie avoir avorté à contrecœur sous la pression de son compagnon. Pour elle, cette grossesse était « une surprise » mais pas « une tragédie ». Et de conclure : «À ce jour, cela reste l’une des expériences les plus traumatisantes de toute ma vie. »À lire aussi - Éducation : homosexualité, genre, IVG… L’école catholique sous pressionNous sommes témoins que bien des femmes n’avortent pas « librement et par choix » mais par défaut d’alternative. Les informations sur les aides et les droits spécifiques aux femmes enceintes ne sont plus diffusés lors des consultations d’IVG. Cette prétendue liberté irréversible est un leurre. Elle ne répond pas aux véritables besoins de beaucoup de femmes d’être protégées des pressions sociales et économiques qui les incitent à l’avortement. Sans parler des violences qu’elles subissent parfois : pour 40 % des 201 000 femmes concernées chaque année par des violences conjugales, ces dernières ont commencé lors de la première grossesse !

Le coup de grâce pour la préventionPeut-on encore construire une politique de prévention dès lors que l’avortement serait consacré comme une « liberté constitutionnelle »? Dans notre société, les normes procréatives tendent à se rigidifier au détriment de la liberté des femmes : être ni trop jeune, ni trop âgée, avoir un couple et un travail stables, des revenus suffisants, etc. Bilan : le plus fort taux d’avortement se retrouve chez les 25-29 ans, à un moment où ces jeunes auraient besoin d’un coup de pouce et de mesures leur permettant de concilier vie familiale, études et début de vie professionnelle. Avec la prolongation des études, un soutien aux étudiantes serait bien nécessaire : 85 % des grossesses étudiantes se terminent par une IVG.

À lire aussi - IVG dans la Constitution : un avis de la Commission des droits de l’homme relance le débat

En 2023, ce n’est pas l’avortement qui est menacé mais la possibilité, pour les femmes qui le souhaitent, de poursuivre leur grossesse. Selon un sondage Ifop de 2020, 73 % Français pensent que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG » et 92 % que cet acte « laisse des traces psychologiques difficiles à vivre ». Emmanuel Macron le reconnaissait dans une interview pour Elleen juillet 2021 : « Je mesure le traumatisme que c’est d’avorter…» Jamais anodin, l’avortement ne devrait jamais s’imposer comme une fatalité.

Nous demandons depuis des années une étude impartiale sur les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement. Sur cette base pourra être assuré un véritable accompagnement des femmes leur permettant d’éviter un grand nombre de drames personnels en leur offrant d’autres perspectives. C’est cette priorité politique qui honorerait notre démocratie.