112. Lc 23, 35-43, Solennité du Christ Roi de l’Univers, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     Personne, même pas un prêtre qui vient de Pologne, ne peut nier que la France est un pays riche. Pour preuves, entre autres, ses innombrables variétés de fromages, de vins et de ............ dictons – sourire. En ce qui concerne ces derniers, en voici quelques exemples : « Sauver les meubles » (autrement dit : dans une situation difficile, parvenir à conserver ce qui peut permettre de survivre, de poursuivre une activité) ; ou « Sauver sa peau », (autrement dit : échapper à la mort *). Nous avons aussi tendance à dire à quelqu’un qui nous a rendu un immense service : « Merci, vous m’avez sauvé la vie ». Je sais que, pour la génération actuelle, ces expressions sont plutôt, je dirais, « obsolètes », mais elles ont un lien avec notre évangile de ce dimanche. Et ce lien se trouve dans un mot qui apparaît souvent dans notre texte. Lequel ? Pour le découvrir il vous faut lire ma réflexion – sourire.

     Donc, aujourd’hui nous fêtons la solennité du Christ Roi de l’Univers. Les catholiques la célèbrent le dernier dimanche de l’année liturgique. Et pour cette grande Fête, l’Eglise nous donne à méditer une scène qui fait partie de la Passion de Jésus-Christ. On peut remarquer que notre récit est composé de deux parties. Dans la première, Jésus est soumis aux moqueries du peuple, des chefs et des soldats (v. 35-38). Dans la deuxième, propre à Luc, Jésus dialogue avec deux malfaiteurs (v. 39-43). Et cette partie du texte, propre à Luc, nous dévoile déjà un aspect important du procès du Christ - « le mauvais larron interpelle Jésus comme ‘Christ’, v. 39 ; le bon larron le reconnaît comme ‘Roi’, v. 42 : ce sont deux titres, religieux et politique, autour desquels a tourné tout le procès de Jésus, devant les Juifs d’abord, puis devant Pilate ** ». Ces titres, évidemment, ont leur signification théologique.
Cependant, ce qui, d’après moi, différencie ces deux malfaiteurs, c’est leur attitude envers le Christ. Le regard que le « mauvais larron » porte sur le Christ n’est pas loin, en fin compte, de ceux qui ont dit à Jésus crucifié qu’Il se « sauve » en donnant la preuve de sa « divinité ». Ce malfaiteur veut être épargné par le Christ de la juste peine que lui vaut sa condamnation. Le « bon larron », lui, ne demande pas à Jésus d’être épargné de quelque chose qu’il mérite. En effet, il Lui dit : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (v. 42). On pourrait aussi traduire cette demande par les mots suivants : « lorsque tu viendras « avec (c’est-à-dire en possession de) ton royaume ** ». Ce malfaiteur veut être « avec » le Christ. Tout cela m’amène à la conclusion, que la demande des deux hommes est radicalement différente : ce n’est pas la même chose de souhaiter « d’être sauvé par quelqu’un » dans un moment décisif (même si c’est une bonne chose, évidemment) et le désir « d’être avec quelqu’un ». Je dirais que ce « bon malfaiteur » a trouvé, en Celui qui « n’a rien fait de mal », la source de l’espoir et de la vie. On pourrait dire qu’avec ses aveux, il passe aussi de la mort à la vie. Mais comment est-ce possible que celui-là, qui n’avait aucun mérite, puisse se trouver avec le Christ dans son royaume ? Pour Jésus il suffit, tout simplement, de reconnaître ses torts vis-à-vis de Dieu et de son prochain, comme en a témoigné le publicain Zachée. Parce que « le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé » {voir Ps 50(51),19}. Ce « bon larron » a bien reconnu sa peine comme juste et méritée pour les actes commis. Et cela est toujours une chose à la fois très importante et très difficile, hier comme aujourd’hui. Il suffit de regarder de près la vie de nos propres familles et le comportement des gens dans le domaine public.

     Sœurs et Frères, si nous fêtons aujourd’hui le Christ le Roi, c’est que nous fêtons un homme qui s’est abandonné à Dieu à chaque instant de son existence, et qui s’est « désarmé » de tout pouvoir de ce monde (voir Lc 4, 1-13). Tout cela pour que l’Amour soit victorieux dans sa vie. Et il nous a tracé ce chemin, à jamais ! Pas seulement pour que nous puissions régner avec Lui, mais aussi pour nous rendre heureux. Plus nous Lui ressemblons, plus nous régnons avec Lui, même en étant une minorité qui passe inaperçue dans notre société comme dans ce monde.

« Nous croyons que le monde est finalement sauvé par un petit nombre d’hommes et de femmes qui ne lui ressemblent pas »{cf. François Mauriac, (1885-1970) ; Bloc-notes, IV, Flammarion *.}

Bonne fête, avec la joie dans le cœur d’avoir ce magnifique Roi,
votre frère Bogdan

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*https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sauver/71210
** selon la traduction et la référence de la Bible de Jérusalem, édition Cerf 2000.

P.S. Triste nouvelle - sourire ; vous n’aurez pas ma réflexion dimanche prochain parce que lundi je pars à l’abbaye d’En Calcat pour la retraite SEM (Service de l’Évangile auprès des Malades) comme prêtre accompagnateur (un autre devoir m’appelle). Mais, cette semaine j’ai « travaillé d’arrache-pied », et pour « me racheter » - sourire ; je vous ai préparé une lettre pour l’Avent, que vous pouvez trouver dès ce week-end sur la page d’accueil du site de notre Paroisse (pour cela, faire le clic deux fois - sourire) : https://www.paroisse-dubonpasteur.com/