Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 109. Lc 19, 1-10, XXXI Dimanche du Temps ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

    L’évangile que l’Église nous donne à méditer ce dimanche se trouve après la troisième et dernière annonce de la Passion du Christ. Jésus s’approche de Jérusalem. Mais avant, il passe par une grande ville, Jéricho. Et, à l’entrée de cette ville, il guérit un aveugle. Cela, évidement, fait grand bruit autour de Lui qui était déjà célèbre par ses paroles et ses actes. Donc, dans ce contexte, nous pouvons mieux comprendre pourquoi le chef des collecteurs d’impôts voulait Le voir. Zachée est vraiment motivé « à voir qui était Jésus » ; et pour cela, à cause de la foule, il monte sur un sycomore.

     Mais quel est le message de notre évangile ? Quelqu’un pourrait dire ceci : « Bogdan, l’important c’est que, déjà avant sa Passion, le Christ dévoile, par ses paroles et ses actes, que dans le cœur de Dieu, il y a de la place pour tous et sans condition ; de la place pour tous ceux qui veulent être sauvés par Lui ». Oui, c'est vrai, mais ce n’est pas tout - sourire. Donc, allons ensemble à la rencontre de ce récit propre à Luc - sourire.

     Ce que nous pouvons constater, en lisant cette narration, c’est que, encore une fois, nous avons une personne dont la situation de vie, la situation sociale, est peu enviable ou estimée (dimanche c’était aussi un collecteur d’impôts et avant lui, une veuve). Aujourd’hui c’est le chef des collecteurs d’impôts de la ville de Jéricho qui, à l’époque du Christ, était un centre politique et commercial important et aussi la résidence d’hiver du roi Hérode. Donc, cela ne nous étonne pas que Zachée, qui travaillait pour les Romains, soit un homme riche qui pouvait tout à fait profiter de la vie.
    Cependant, à quoi sert la richesse d’un homme s’il est méprisé par ses propres compatriotes ? Et si on le « respecte » seulement pour sa fonction, parce qu’on dépend de ses décisions et parce qu’on le craint ? Est-ce que détenir un pouvoir nous rend vraiment heureux ? Est-ce que nous sommes touchés par le respect de ceux qui nous obéissent car ils n’ont pas le choix et qui, de ce fait, nous méprisent ? Et cela est valable pour le métier de Zachée comme pour toute autre fonction respectable et intéressante.

    Quelle que soit notre position, notre « pouvoir » dans la société, ce qui nous manque vraiment dans la vie c’est plutôt, un regard d’amour, sans a priori. Un regard qui, d’un coup, peut bouleverser notre vie : nous faire changer et avancer, nous libérer de ce qui nous entrave et de ceux qui jugent notre vie sans vraiment nous connaître.
Quand Jésus arrive à l’endroit où se trouve Zachée, Il lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Il faut bien comprendre que Zachée, impur par son travail et ses contacts avec des païens - les Romains - ne pouvait pas même rêver d’avoir à sa table ce prophète Jésus. Imaginons qu’un jour le Pape François, pourtant un homme « ordinaire » comme nous, pendant une visite officielle en France, au lieu d’aller manger avec les autorités politiques et religieuses, aille manger avec des prisonniers ou des gens rencontrés par hasard. Probablement les autorités seraient déçues, mais les prisonniers certainement heureux.
    Et cette rencontre avec le Christ va totalement bouleverser Zachée. La bienveillance manifestée par Jésus, au mécontentement de nombreuses personnes « correctes » (verset 7), lui a permis non seulement de reconnaître ses fautes, mais aussi de manifester une générosité immense envers les autres, y compris ceux qu’il avait blessés par ses décisions. Il dit au Christ : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens ». Il offre la moitié de ses biens, alors que selon la tradition judaïque, l’aumône correspondant à 1/5 du revenu annuel était déjà un signe de conversion sincère ! Et il dit encore : « Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ». Et pourtant la loi mosaïque exigeait seulement que l’objet volé soit restitué avec une prime de 20 % de sa valeur (cf. Lv. 5, 20-24). Zachée donne, non pas 120 %, mais 400 % !

      Je ne sais comment vous voyez cet évangile ? Pour moi, dans ce récit, Jésus ne cherche pas à donner une leçon de morale, ni l’exemple d’un partage édifiant. Cet évangile me parle de Dieu qui est toujours prêt à nous accueillir, sans préjugés, pour nous sauver. Et cela se passe chaque jour dans la vie de ceux qui malgré tout, quelle que soit leur existence, vont à la rencontre du Christ.

Bon Dimanche à tous,
Votre frère, Bogdan