Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

102. Lc 14, 25-33, XXIII Dimanche du Temps Ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     Nous méditons toujours l’évangile selon Luc. Remarquons au préalable que dans les évangiles, le Christ adresse ses paroles à divers auditeurs. Quelques fois ce sont des pharisiens et docteurs de la Loi, quelques fois les Apôtres. Cette fois-ci, Il s’adresse aux grandes foules qui faisaient route avec Lui. Autrement dit Jésus s’adresse à toutes les personnes qui prétendent être ses disciples, c’est-à-dire à nous tous.

     Le Christ, toujours sur le chemin de Jérusalem, dévoile ses conditions pour Le suivre. Et nous pouvons noter qu’Il nous demande de renoncer à tout pour cela ; tout ce qu’on a de cher dans cette vie : parents, femme, enfants etc. Il nous demande même de renoncer à notre propre vie. En outre, si nous en restons au texte original, Il ne nous demande pas seulement de Le « préférer » à nos proches et à notre vie. En effet, le terme d’origine, que nous traduisons par « sans me préférer », signifie littéralement « sans haïr » : « Si quelqu’un vient à moi « sans haïr » son père, sa mère, sa femme (…) il ne peut pas être mon disciple ». Donc le message est encore plus fort. Alors, comment Jésus, un Juif, qui a respecté le quatrième des dix commandements (voir Lc 18, 20) et qui a Lui-même obéi à ses parents (voir Lc 2, 51-52), peut-il nous appeler à haïr tout ce qui nous est si cher dans la vie ?
Une précision tout d’abord, en ce qui concerne cette formulation « sans haïr » : « Comme dans la langue de l’Ancien Testament qui ne possède pas de comparatif, ce verbe signifie ici : ‘aimer moins’ (voir Gn 29, 31.33 ; Dt 21, 15-16 ; Es 60, 15 ; Ml 1, 3 ; et Lc 16, 13) »*. Autrement dit, le Christ « ne demande pas la haine, mais le détachement complet et immédiat »** (cf. Lc 9, 57-62, évangile de XIII Dimanche du Temps ordinaire, C).

     Peut-être malgré ces explications, quelqu’un pourrait dire : « c’est trop demandé, c’est trop radical, cela ne colle pas avec la vie d’aujourd’hui ». Dans ce cas je poserais à cette personne quelques questions relatives la vie réelle :
- qui vaut-il mieux épouser, avec qui vaut-il mieux vivre en couple : quelqu’un qui dit : « je te prends pour toute ma vie », ou quelqu’un qui déclare : « aujourd’hui je veux vivre avec toi mais demain on verra » ? ;
- avec qui préfère-t-on effectuer un voyage au bout du monde : avec quelqu’un de bien motivé et décidé, ou avec quelqu’un qui n’est pas sûr d’aller jusqu’au bout et risque de nous abandonner à mi-chemin ?
- qui, à votre avis, est plus près de se libérer d’une dépendance à l’alcool, à la drogue, etc. : une personne qui arrête cela immédiatement et sans compromis, ou une personne qui repousse sans cesse le début de son traitement ?
- Seriez-vous heureux (-se) que celui qui prétend épouser votre fille, soit un homme qui n’a jamais eu d’emploi régulier et qui - ayant depuis longtemps dépassé l’adolescence - vit encore avec sa mère qui assure pour lui l’intendance ?

    Il est vrai que le Christ nous propose un chemin radical, mais ce chemin est d’autant plus beau qu’il permet de se libérer de tout ce qui nous entrave. Et ce n’est pas un chemin que nous parcourons seuls, c’est toujours avec Lui et c’est toujours le chemin pour la vie.

    Que nous soyons croyants ou non, la vie nous montre que c’est seulement dans la radicalité qu’un choix nous permettra de découvrir la profondeur, la beauté et la puissance qu’il recèle.
Il n’y a rien de plus beau dans la vie qu’un choix fait radicalement et avec la générosité du cœur. Ce qui est pour nous les chrétien, le choix du Christ Ressuscité.

Comme il fait toujours chaud, je vous souhaite un bon Dimanche toujours à l’ombre – sourire.

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* selon la référence de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.
** selon la référence de la Bible de Jérusalem, édition Cerf 2000.