Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 98. Lc 10, 38-42, XVI Dimanche du Temps ordinaire, C, Réflexion 2022

 Sœurs et Frères

     Pour ce Dimanche nous avons à méditer encore une fois un récit propre à Luc (Dimanche dernier, c’était la parabole du Bon Samaritain). Et le récit d’aujourd’hui n’est pas loin de la réalité de notre vie quotidienne. En effet, quand nous recevons un convive chez nous, celui qui prépare le repas, la table et tant d’autres choses, se trouve souvent mis à l’écart de la conversation générale (surtout s’il s’agit d’un repas typiquement français avec tout son rituel – sourire). Il ne peut pas profiter vraiment de la présence de cet invité. Autrement dit : il prend bien soin de lui, mais il risque de passer à côté de sa présence. Et cela peut même provoquer des situations « désagréables » pour tous (des reproches aux autres membres de la famille, et même à l’invité, pour leur manque d’engagement).
     Dans notre scène, nous voyons Marthe qui se charge d’accueillir « correctement » Jésus. Pourquoi elle ? Je ne sais pas ; peut-être est-elle la maîtresse de maison ? En tous cas, le texte rapporte qu’elle se fatigue tellement à servir, qu’elle en vient à formuler des reproches à Jésus « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider ». La réaction de Marthe, spontanée et justifiée, nous montre que quelque chose « ne colle pas » et qu’elle ne peut vivre pleinement le moment exceptionnel de la visite du Christ.

     La réponse de Jésus parait un peu mystérieuse : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci, et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée ». Jésus ne répond pas directement à la demande de Marthe et Il semble aller plus loin, vers l’« essentiel ». Mais vers l’« essentiel » de quoi ? Il sait très bien, Lui, que l’hospitalité est, dans le contexte culturel, quelque chose de « sacré » (voir la première lecture) et Il parle d’ailleurs de cette hospitalité à bien d’autres moments (voir Lc 7, 36-49 ; 9, 4 ; 10, 5-9; 19, 1-10). Ce qui est évident, c’est que le Christ n’oppose pas l’écoute de sa Personne - Marie - au service rendu à autrui - Marthe. Les deux ont une place importante et font partie de notre vie quotidienne comme de notre vie de chrétien (Ac 6,1n; 11,29).

     Cependant, il nous faut toujours faire preuve de discernement pour choisir « la meilleure part » (le mot grec « merís » utilisé par Luc, signifie la part de l’héritage destiné à quelqu’un). Et si nous regardons d’un peu plus près l’attitude de chacune des deux sœurs, nous pouvons constater que Marthe est tellement absorbée, anxieuse et distraite par son « travail », qu’elle est privée de quelque chose d’essentiel (c’est la signification du mot grec « perispao » que nous traduisons par « accaparée »). L’attitude attentive de Marie (caractérisée par le mot grec « akouein » : écouter avec une extrême attention), prouve son engagement intérieur et profond.

     Quelqu’un pourrait me dire ceci : « Père Bogdan c’est très bien, mais ne pourriez-vous pas nous donner quelques exemples pour notre vie, s’il vous plaît ? » Bien sûr – sourire. Dans la vie de tous les jours, il peut nous arriver (peut-être l’avez-vous déjà expérimenté) de participer à un repas tout à fait « sublime » mais à la fin, même bien rassasiés, nous ne sommes pas « comblés » ; parfois nous nous souvenons à peine de quoi nous avons parlé…
Et pour nous chrétiens, choisir la meilleure part, cela signifie nous rendre chaque jour à la rencontre avec le Christ au moment de la prière, pour L’écouter parce que Lui nous inspirera toujours la meilleure attitude à l’égard du prochain. Ainsi en été, quand nous choisissons d’aller à la messe le dimanche plutôt que d’aller à la plage dès le matin, nous choisissons d’abord « la meilleure part »; ce que nous n’empêche pas d’aller ensuite nous baigner avec les autres.

     Cet évangile nous montre que si nous choisissons l’ « essentiel » qui nourrit notre vie et nos relations, nous vivrons beaucoup plus en harmonie avec nous-même et avec notre entourage, sans chercher les coupables de notre mécontentement.

     L’écoute ne s’oppose pas à l’action parce que c’est aussi un engagement, comme le devoir ne s’oppose pas au plaisir. Chaque chose en son temps. Ainsi, notre paix intérieure, notre sérénité dépendent souvent de nous-mêmes.

Bon Dimanche et à très bientôt au mois d’août.

Votre frère Bogdan

P.S. Vous ne recevrez pas ma réflexion trois dimanches d’affilée ; parce que j’ai pris « la meilleure part » de l’année ; c’est-à-dire les vacances – sourire.