Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

96. Lc 10, 1-12.17-20, XIV Dimanche du Temps ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

    Les vacances, l’été – la période des congés débute pour la plupart de nous. Alors, en lisant l’évangile de ce dimanche, on pourrait dire qu’une fois encore l’Église est en retard puisqu’elle nous propose, au début de cette période de repos, la scène où le Christ envoie ses disciples au travail – sourire. Parmi eux, Il « en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre ».

    Malgré tout chacun pourra certainement tirer quelque chose de cet Évangile. En premier lieu, nous constatons qu’il suit immédiatement celui de dimanche dernier, à savoir ce moment où le Christ, en route vers Jérusalem, donne ses « conditions » à tous ceux qui voudraient Le suivre. Aujourd’hui Luc relate en effet l’envoie en mission de soixante-douze disciples. Ce chiffre est symbolique parce qu’il indique « le nombre des nations païennes, tel que le judaïsme trouve en Genèse 10, 2-31, selon le texte grec »* (ce n’est pas un hasard parce que l’Évangile de saint Luc était adressé à la communauté chrétienne composée de convertis). Il semble que l’auteur de notre Évangile « [veuille] montrer que la mission n’est pas réservée aux Douze, et aussi que la mission en Palestine préfigure la mission aux païens »*.

    En poursuivant notre texte, nous pouvons remarquer que certaines consignes du Christ à ses missionnaires ne sont pas évidentes pour nous. Cela prouve, d’ailleurs, qu’il nous faut toujours lire les textes bibliques en les replaçant dans le contexte culturel de leur temps, afin de mieux les comprendre. Dans notre récit Jésus dit par exemple : « Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté » (v. 8). Jésus ne donne pas ici des consignes de civilité à table. Il fait allusion au fait que la nourriture proposée dans les villes païennes, où les missionnaires annonçaient leur message, ne répondait pas forcément pas aux exigences de la loi juive, exigences très strictement observées à l’époque. D’autre part, les missionnaires sont priés de ne « saluer personne en chemin ». Cette recommandation fait référence à l’habitude de la culture orientale, de prolonger les salutations jusqu’à les terminer même par un long repas.

    Ce qui pourrait nous étonner aussi c’est le don que les disciples reçoivent pour le transmettre aux gens qui leur feront bon accueil. Il déclare : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous ». Rappelons que « la salutation usuelle de l’Ancien Testament est le vœu de prospérité, de santé et de bonheur, une bénédiction » (voir 1 S 25, 6...), mais [qu’]ici, il s’agit de la paix messianique qu’apporte l’Évangile (voir 1, 79 n.) ; elle est efficace pour celui qui la reçoit (d’où le verset 6) »*.

   En ce qui concerne la paix, nous devons noter, dans ce contexte, que les missionnaires sont les premiers touchés et animés par la paix du Christ, c’est-à-dire par une « harmonie » qui vient de Dieu. Et cette paix qui les transforme, ils ont à la transmettre à ceux qui les accueillent comme des messagers de Dieu. Cette paix qui a pour but d’harmoniser notre vie et que Dieu nous offre sans limite. Et si pour nous, cette paix se trouve limitée, c’est de notre fait et non du fait de Dieu. Cette limite est fonction de notre accueil ou de notre refus du Christ et de la place réelle que nous accordons ou pas à son Évangile.

    Notre texte nous révèle aussi que le Christ n’a jamais demandé à ses disciples d’ignorer leurs besoins quotidiens (la nourriture, le logement, etc.). Il leur demande de se concentrer sur leur mission et d’être libres de tout ce qui pourrait la contrecarrer.

    Le Covid-19 qui n’arrête pas de circuler, la guerre en Ukraine, la crise économique, tout cela prouve bien que, dans ce monde, ce qui est censé nous apporter stabilité et paix est très fragile. En conséquence, il est d’autant plus important pour nous, chrétiens, de témoigner de la paix du coeur, celle qui nous donne ce lien vivant avec le Christ et dont nous devons témoigner - « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27).

    Alors, s’il y a quelque chose que nous pouvons partager avec les autres cet été, même si ce n’est pas grand-chose à la mesure de ce monde, c’est la paix du Christ qui façonne notre vie.

 

« Heureux les hommes intègres dans leurs voies
qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux ceux qui gardent ses exigences,
ils le cherchent de tout cœur ! » (Ps 118, 1-2).

Bon Dimanche à tous,

Votre frère, Bogdan

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*selon les références de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.