Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

94. Lc 9, 11-17, Solennité du Corps et du Sang du Christ, C, Réflexion 2022

 

Sœurs et Frères,

              Nous célébrons aujourd’hui, la fête du « Corpus Domini », la fête du Corps et du Sang du Seigneur. Et en cette occasion nous lisons un extrait de l’évangile selon saint Luc – très connu de chacun de nous – la multiplication des pains et des poissons. On pourrait dire : « C’est fantastique, Jésus rassasie la foule immense qui le suivait » ! On pourrait dire aussi que ces mots du Christ nous renvoient à la liturgie eucharistique de la messe : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples … » ; ces mots et ces gestes du Christ qui nous rappellent en effet ceux de la consécration (voir aussi Lc, 22, 19). Pour moi, je ne dirais pas le contraire – sourire. Et je peux même souligner que la multiplication des pains et des poissons est le seul miracle décrit par tous les évangélistes. Ça signifie qu’il a dû faire grande impression.
            Cependant il ne s’agit pas seulement de constater qu’il s’agit là, de la part de Jésus, d’un miracle de plus, destiné à marquer ses disciples et ses compatriotes. Pour bien le comprendre, il nous faut aborder ce récit dans un contexte plus large. Dans le 9-ième chapitre de l’évangile de saint Luc, d’où il est extrait, nous sommes les témoins de l’envoi en mission des apôtres. Jésus leur donne « pouvoir et autorité sur tous les démons, et de même pour faire des guérisons » et Il les envoie « proclamer le règne de Dieu et guérir les malades » (Lc 9, 1-2). Et au retour de cette mission qui a porté beaucoup de fruits, au moment critique du repas, quand la nourriture manque, le Christ dit à ses disciples remplis d’inquiétude : « Donnez leur vous-mêmes à manger ». Les disciples, eux, conseillent à leur Maître de renvoyer la foule parce qu’ils ne voient pas d’issue à cette situation. Voilà une étrange réaction de la part de ceux qui reviennent de mission, qui ont manifesté la puissance de Dieu par leurs paroles et leurs actes et qui ont accompli tant de choses par la seule grâce de Dieu.


            Et Jésus, dans cette situation extrême fait un geste simple et profond à la fois. Il prend les cinq pains et les deux poissons et levant les yeux au ciel prononce la bénédiction sur eux. Puis Il les rompt et les donne à ses disciples pour qu’ils les partagent à la foule. Quelqu’un pourrait dire : « Mais c’était Jésus ! Moi, je ne pourrais jamais faire une chose pareille ». Personnellement je ne suis pas d’accord, malgré ma gentillesse – sourire. Je pense que cette scène montre réellement une chose destinée à nous tous, disciples du Christ, en mission depuis de notre baptême.
            Dans ce texte, quand nous observons le Christ, nous constatons qu’Il n’a pas autre chose dans les mains que cinq pains et deux poissons. Mais, en même temps Il a tout ce qu’il Lui faut pour prendre soin des gens – la présence de Dieu et sa confiance en Lui (Il lève les yeux au ciel). Et Il a aussi le désir de partager ce que Dieu Lui donne. Alors, en conséquence, tous sont rassasiés.
            Voilà notre chemin, nous qui sommes confrontés chaque jour au défi de l’amour envers autrui. Dans chaque circonstance, nous sommes invités à élever notre cœur « vers le ciel » et à demander à Dieu de bénir ce « peu de chose », tellement insuffisant, que nous possédons à ce moment-là. Et grâce à Dieu et à ma confiance en Lui, mon prochain sera rassasié par le soutien que je lui apporterai sous diverses formes - matérielles ou pas. Évidemment, il ne s’agit pas seulement de nourriture mais de beaucoup d’autres choses : du temps, de la bienveillance, etc.
            Il me suffit de croire que sous ces deux espèces du pain et du vin – tellement ordinaires, se cachent le Christ et son amour, toujours à redécouvrir et à partager. Cela peut sembler vraiment « peu de chose » mais c’est largement suffisant pour nous faire vivre comme un enfant de Dieu qui ira chaque jour à la rencontre de l’autre, dans le besoin.

            Bonne fête du Saint Sacrement, la fête de « peu de chose » qui est le trésor incroyable et vivant de notre Église catholique.
Votre frère, Bogdan