Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 27 avril au 12 mai 2024

(Historique de l'agenda)

86. Lc 22, 14 – 23, 56 , Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, C, Réflexion 2022

 Sœurs et Frères

     La Pâque est proche. Ce dimanche nous nous rassemblons dans nos églises pour participer à la messe qui traditionnellement commence par la bénédiction des rameaux. Et comme nous sommes dans l’année liturgique « C », nous allons entendre aussi, pendant notre eucharistie, la Passion de Jésus-Christ selon saint Luc. Observons tout d’abord que, même si tous les Évangélistes nous relatent la Passion du Christ, chacun d’eux a ses épisodes particuliers. C’est ainsi le cas de l’auteur du troisième évangile. Chez Luc nous sommes témoins de la comparution de Jésus devant Hérode Antipas et, uniquement chez lui, nous trouvons l’épisode de la conversion de l’un des deux malfaiteurs crucifiés avec le Christ. Dans cet évangile, le récit de la Passion du Prophète de Nazareth est très riche d’épisodes intéressants et c’est l’un d’eux, propre à Luc, qui retient aujourd’hui mon intention.

     Alors que le Christ, condamné à la mort, poursuit son chemin au Calvaire, Il rencontre des femmes « qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus ». On pourrait dire qu’il est tout à fait normal qu’elles plaignent intensément cet Homme juste et innocent. Par contre la réponse du Christ est stupéfiante et énigmatique : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! ». Je ne sais pas ce que Jésus voulait dire exactement par là. Néanmoins, réfléchissons un peu : Jésus se trouve dans une situation sans issue, il va mourir, et c’est alors qu’Il dit aux femmes de ne pas pleurer sur Lui mais plutôt sur leurs descendants.

      Jésus, qui ne fait qu’Un avec son Père, sait bien ce qu’Il fait. Il s’est engagé de façon irrévocable pour accomplir sa mission. Il sait que sa « royauté n’est pas de ce monde ». Il sait très bien pourquoi Il est né : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix » (cf Jn 18, 36-37).

      Vrai homme, Jésus a souffert une condamnation injuste et une morte atroce. Cependant que dire des gens qui, à l’entrée de Jérusalem, l’ont accueilli comme un roi puis, entraînés par les grands prêtres et les scribes, ont crié : « Crucifie-le, crucifie-le » ? Que dire de ces gens qui ont renié le Saint et le Juste et qui ont demandé la grâce du meurtrier Barabas (cf. Ac 3, 14) ? Je dirais que cette décision dramatique trouve son origine, dans le contexte de l'époque, notamment chez les responsables religieux du peuple Juif qui se sont dit : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas » (Jn 11, 50). Cette tragédie est aussi le fait d’Hérode et de Pilate, ces « puissants » qui pouvaient libérer Jésus et ne l’ont pas fait ; ceux qui ont choisi la solution commode et confortable pour eux.

      Dans la Passion de Jésus Christ nous sommes les témoins de la souffrance inimaginable d’un Innocent, qui « là où Il passait, Il faisait le bien » (Ac 10, 38). Mais nous pouvons dire aussi que nous sommes, plus encore, les témoins du drame « moral » de nombreuses personnes autour du Christ.

La fidélité à Dieu, la fidélité aux valeurs qui construisent ma vie, peuvent me coûter cher au quotidien : moquerie, mépris, abandon et même la mort… Mais c’est la fidélité qui sera toujours le chemin de la « résurrection », le chemin vers une nouvelle vie.

     Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine, nous sommes les témoins du drame de gens innocents qui veulent seulement vivre dans leur pays et qui défendent leurs maisons, leurs valeurs, souvent au prix de leur vie. Cependant, je dirais qu’autour d’eux, dans le monde, ils sont nombreux ceux qui vivent un drame personnel : qu’ils soient responsables religieux, responsables politiques ou gens « ordinaires » ; ils vivent un drame « moral » plus grave que les Ukrainiens parce qu’ils veulent les aider mais ne peuvent pas faire « grand-chose » : « il ne faut pas trop énerver mr P., ce n’est pas notre guerre, ce n’est pas une décision à prendre seuls, nous devons tous être d’accord, cela va coûter trop cher à notre pays, il faut auparavant bien calculer ‘le pour et le contre’, cela ……………. , etc. ».

Vive le chemin qui nous conduit à la vraie Résurrection !

Bon Dimanche des Rameaux à tous et prions pour l’Ukraine et la Russie,

Votre frère, Bogdan