Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 83. Lc 13, 1-9, III Dimanche du Carême, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

    Dans notre évangile d’aujourd’hui les compatriotes de Jésus lui relatent deux évènements récents qui ont bouleversé, comme on dirait à présent, l’opinion publique. D’ailleurs, que les gens soient bouleversés par ces deux événements tragiques est quelque chose de tout à fait normal. Il faut cependant rappeler qu’à l’époque du Christ « suivant la conception courante de la rétribution temporelle, ses auditeurs y voient des châtiments divins tombés sur des pécheurs ; et le fait qu'ils ont été épargnés eux-mêmes les rassure sur leur propre justice. Jésus rejette cette vue simpliste (voir Jn 9, 2-3) ; il montre dans ces malheurs un avertissement adressé à tous : tous sont pécheurs, tous ont à se convertir »*. Quand le Christ dit à ses auditeurs : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même », ce n’est pas pour les effrayer mais pour leur dire : si vous ne changez pas votre façon de voir Dieu, votre façon de penser, si vous ne vous détournez pas de tout ce qui vous éloigne de Dieu, vous pouvez être atteints par la mort.
     Dans son discours, Jésus répète deux fois « Si vous ne vous convertissez, vous périrez tous de même ». Jésus insiste afin de frapper ses auditeurs, afin de leur signifier qu’ils subiront le sort des Galiléens massacrés par Pilate et celui des dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé. C’est quand même très fort ces mots du Christ ! Nous ne savons pas comment sont morts les auditeurs de Jésus, mais il est assez peu probable que tous aient subi la mort tragique et brutale des gens de notre évangile. Alors comment faut-il entendre ces mots de Jésus :« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » ?
     Nous savons que dans le monde qui nous entoure, divers événements tragiques et imprévus touchent des gens qui croient et des gens ne croient pas en Dieu. C’est une évidence pour chacune et chacun de nous et la guerre en Ukraine en témoigne. Alors de quoi parle Jésus ? Peut-être s’agit-il, je dirais, d’un regard « spécifique » sur la mort. Pour les contemporains de Jésus une mort tragique était la conséquence des péchés commis : quelque chose de fatal et sans espoir, dénuée de sens. C’est vrai que la mort, quelles qu’en soient les circonstances, nous dépasse toujours.


    Nous ne sommes pas en mesure de prédire la manière et l’heure de notre mort (j’omets les cas extrêmes comme par exemple le suicide ou l’euthanasie). Mais chaque jour nous sommes capables de modifier l’état de notre cœur et de notre esprit, car tôt ou tard, de façon « naturelle » ou tragique, nous rencontrerons la mort : celle d’un proche ou la nôtre. Peut-être quelqu’un me dira : « Mais père nous ne pouvons faire pas grande chose face à la mort ». Certes, nous nous sentons souvent désarmés face à elle, mais nous pouvons toujours prendre le chemin de notre propre conversion, en cultivant le jardin intérieur de notre âme. Ils sont toujours valables les mots du prophète Joël de la messe du mercredi des cendres : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu » (Jl 2, 13) - voici un appel à l’examen de notre cœur et à la réflexion de ce que nous vivons face à l’Amour de Dieu et face à autrui.

     La mort est une expérience difficile pour l’homme, mais il ne faut pas dire qu’elle doit devenir une expérience déterminante et à jamais dévorante pour nous. Nous pouvons y « échapper », en luttant pour une transformation constante du cœur et de l'esprit, en cherchant chaque jour la source de la vie qui est Dieu, notre Père. Que nous le voulions ou pas, nous sommes confrontés à la mort. Mais plus grave encore est la mort « spirituelle » : celle du cœur et de l’esprit, fatale pour notre vie ; et cette mort-là peut nous frapper, même si nous sommes en vie et quand « tout va à peu près bien ».

     Une dernière chose. La conversion à laquelle le Christ appelle ses auditeurs, ne concerne pas seulement les chrétiens : elle s’applique à chaque homme qui veut s’épanouir dans son humanité. Le manque de réflexion sur les vraies valeurs, les motivations de la vie et des actions, peut avoir des conséquences désastreuses pour soi mais aussi pour les autres. Cela est bien illustré par cette guerre en Ukraine qui, à vrai dire, n’est pas « tombée sur nos têtes » d’un coup. Il y avait beaucoup de signes inquiétants de la part de Mr P. qui avait déjà attaqué la Géorgie en 2008 et l’Ukraine en 2014. Malgré tout cela les dirigeants de l’Union Européenne n’ont pas pris le chemin de la réflexion, de la conversion de leur comportement et de leur politique vis-à-vis de ce Mr P.

   Je ne suis pas un politique, je ne sais pas tout et ce n’est pas à moi de juger quiconque. Mais, j’essaie simplement de regarder la réalité qui nous entoure dans le miroir de la Parole de Dieu, qui connaît très bien la condition de l’homme et ce dont il est capable.

Bon Dimanche à vous et paix à ce pays courageux qui saigne chaque jour pour notre liberté à tous.

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* Voir les références Lc 13. 1-9 selon TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.