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79. Lc 4, 21-30, IV Dimanche du Temps Ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     L’évangile de Dimanche dernier était composé de deux fragments de l’évangile selon Saint Luc. Le deuxième fragment, issu du quatrième chapitre, nous montrait Jésus qui, dans la synagogue de Nazareth, proclamait les paroles du prophète d’Isaïe. Et Il était si impressionnant pour les siens que tous « avaient les yeux fixés sur lui ». Je pense que ce rappel n’est pas sans importance car aujourd’hui nous retrouvons le Christ exactement au même endroit et avec le même auditoire. Or ce public va passer tout à coup de l’admiration à la franche hostilité. Les compatriotes de Jésus veulent se débarrasser de Lui d’abord en le traitant avec mépris (« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? ») puis en le menant jusqu’à un escarpement « pour le précipiter en bas ». Et pourtant Jésus était quelqu’un qui avait grandi parmi eux ! D’où vient donc la réaction violente de ces gens ? Peut-être estimaient-ils que Jésus devait faire quelque chose d’« extraordinaire » dans sa patrie et non à Capharnaüm ? En fait, ce qui pouvait le plus offenser les auditeurs du Christ, c’est que dans son discours Il évoque la grâce donnée aux païens : à une veuve de Sarepta et à Naaman le Syrien ; autant de gens qui, selon eux, ne pouvaient pas un seul instant prétendre à recevoir les grâces du Dieu d’Israël. C’était eux, c’était le Peuple élu, qui à jamais, était le « dépositaire » des promesses de Dieu !

     Il est intéressant de remarquer que Luc, contrairement aux évangélistes Marc et Mathieu, situe cet épisode au tout début de l’activité publique du prophète de Nazareth afin de nous transmettre un message clair (cf. Mc 6, 1-6; Mt 13, 54-58). C’est ainsi que l’auteur du troisième évangile prédit d’emblée à l’« excellent Théophile » et à nous tous, l’échec de la mission de Jésus parmi les Juifs et sa mort sur la croix. D’ailleurs, à plusieurs reprises, Luc rapporte que la Bonne Nouvelle de Jésus était beaucoup mieux accueillie par les païens que par les Juifs.

    C’est alors que j’entends quelqu’un me dire : « Père, merci pour ces explications, mais j’aimerais tirer de cet évangile quelques piste pour ma vie personnelle » ! Je comprends, avançons – sourire. Le parcours de la foi du Christ était unique, c’est vrai. Néanmoins le nôtre est unique aussi parce que chacune et chacun de nous est unique, n’est-ce pas ? - sourire. L’alliance de Dieu avec chacune et chacun de nous, depuis de notre baptême, est unique aussi.

Cependant, depuis ce premier sacrement nous avons quelque chose de commun et de capital avec Jésus de Nazareth, avec un « homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple » (cf Lc 24, 19). Depuis notre baptême, par le geste de l’onction du saint chrême, nous participons comme Lui à la dignité de prêtre, de prophète et de roi. Mais être prophète cela signifie quoi au juste ? C’est tout simplement être attaché à Dieu, à son Esprit et à ses Paroles. C’est témoigner chaque jour de ma foi dans ma vie. Autrement dit, témoigner de mon lien unique avec Dieu qui est mon Père : ce lien qui est pour moi plus nourrissant que tout autre chose au monde. C’était le cas du Christ, qui ne voulait susciter de polémiques avec personne, et manifestait de cette manière sa relation avec son Père. C’est d’ailleurs cette relation qui a déplu à bon nombre de ses compatriotes, surtout à ceux qui voulaient d’une façon ou d’une autre « accaparer » Dieu : Dieu qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (voir Mt 5, 45). De cette façon le Christ était « un signe de contradiction » provoquant « la chute et le relèvement de beaucoup en Israël ». (cf Lc 2, 34).

     De la même manière un chrétien ne vit pas sa foi, sa relation avec Dieu en trois Personnes, pour s’opposer au monde ou à sa propre famille. Mais par la manière dont il vit son lien unique avec la source de sa vie, il révèle à son entourage « quelque chose » qui était révélée en lui. Et cette chose est si profonde et si forte qu’il ne peut que la manifester dans sa vie. Et c’est ainsi que parfois, en vivant intégralement la foi qui le fait vivre, le chrétien devient prophète !

Bon Dimanche à chacune et à chacun – sourire,

Votre frère Bogdan

P.S. Vous ne recevrez pas ma réflexion Dimanche prochain parce qu’avec les autres prêtres, du lundi 31 janvier au vendredi 4 février 2022, je vais participer à la retraite sacerdotale de la Province de Montpellier. Donc vous allez nous accompagner dans vos prières, n’est-ce pas ? Merci d’avance – sourire.