Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

69. Jn 18, 33b – 37, Solennité du Christ Roi de l'Univers, B, Réflexion 2021

Sœurs et Frères

     L’Évangile que l’Église nous donne à méditer pendant cette fête du Christ Roi, est un extrait du procès de Jésus avant sa Passion et sa Mort. Au cours de cette audition, Pilate pose des questions au Christ au sujet de sa royauté. Jésus répond que sa « royauté n’est pas de ce monde » (voir verset 36), ce qui est clair pour nous.

    J’attire cependant votre attention sur la réponse du Christ à Pilate. A la question : « Alors, tu es roi ? », Jésus répond par ces mots : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix ». Pourquoi cette réponse est-elle si importante pour moi ? Parce que dans cette réponse un peu énigmatique du Christ, se trouve un mot qui résonne très fortement aujourd’hui dans notre Église catholique de France après le rapport de la Ciase (Sauvé). Et de même, ce mot est apparu fondamental dans la décision prise par les grands prêtres et les Pharisiens de l’évangile. Nous allons revenir sur « ce mot ».

     Auparavant, penchons-nous ensemble sur cette question : « Pourquoi Jésus de Nazareth s’est-il retrouvé devant un représentant de César ? ». La réponse est à la fois claire et frappante : c’est que les grands prêtres et les Pharisiens avaient condamné à la mort cet Homme juste (cf. Jn 11, 53). Ils étaient déterminés - eux, les responsables du peuple Juif - à se débarrasser du Christ !

Dans sa réponse à Pilate, le Christ dit qu’Il est venu dans le monde pour « rendre témoignage à la vérité ». « Vérité », voilà le mot si important ! Cette réponse, les grands prêtres et les Pharisiens auraient pu la prononcer : ils voulaient, eux aussi, « rendre témoignage à la vérité » parce qu’ils étaient considérés par le peuple comme les protecteurs de la pureté de la Loi de Moise, et de son application dans la vie quotidienne de leurs compatriotes. Cependant, ces autorités juives étaient tellement déterminées à éliminer le prophète de Nazareth et à protéger leur « vérité », qu’elles ont commis là le plus grave des péchés possibles. Lequel ? Dans la dureté de leurs cœurs ces dignitaires ont été capables de blasphémer contre leur Dieu, en disant à Pilate qu’ils n’avaient pas d’autre roi que l’empereur (cf. Jn 19, 15).

Mais quelle est la différence entre la « vérité » des autorités juives et la « vérité » du Christ-Roi ? Les responsables juifs ont chargé les gens d’un fardeau impossible à porter, alors qu’eux-mêmes ne touchaient pas ce fardeau d’un seul de leurs doigts (cf Lc 11, 46). En bref, on pourrait dire que leur vérité les autorisait à dédaigner, à ignorer les gens et à se sentir supérieurs à eux. La vérité du Christ, elle, non seulement attire les gens mais les relève dans leur propre humanité et les rapproche de Dieu. Et c’est pour cela que le prophète de Nazareth s’est engagé jusqu’au don de Soi, sans limites. Donc rien d’étonnant à ce que le Christ dise de Lui-même : « Je suis la Vérité » (cf Jn 14, 6).

     Depuis quelque temps, dans notre Église catholique de France, nous sommes confrontés à une vérité effrayante révélée par le rapport de la Ciase. Face à ces révélations, nous nous posons, entre autres, ces questions : « Comment cela a-t-il pu arriver ? Et à une si grande échelle ? » Les raisons sont nombreuses.

     En méditant l’évangile du dimanche 7 novembre, dans lequel le Christ critique très sévèrement le comportement des scribes, j’ai évoqué un point commun entre la situation de ces derniers et celle des prêtres à notre époque. Au sujet du statut des interlocuteurs du Christ, j’ai parlé d’une sorte de « sacralisation » : les scribes se considéraient comme les spécialistes de l’interprétation de la Loi de Moise et s’estimaient au-dessus des gens « ordinaires ». Ils ne pouvaient donc pas accueillir la « vérité » du Christ ; et pour protéger la leur, ils sont allés jusqu’au blasphème. Qu’en est-il de la situation actuelle ? Nous devons avouer que depuis des années nous n’étions pas capables au sein de l’Église, notre grande Famille catholique, de vivre la Vérité apportée par la Bonne Nouvelle de Jésus de Nazareth ; nous n’étions pas capables de vivre cette Bonne Nouvelle, en vérité, chaque jour de notre vie. Or, si la Vérité du Christ est le point d’évaluation de nos pensées, nos intentions et nos actes, c’est pour nous rendre libres (cf Jn 8, 32). La Vérité du Christ nous donne l’opportunité de nous transformer en tant qu’individu, et en tant que partie prenante de la grande Famille des catholiques, unis par le même baptême et le même Amour. Nous les chrétiens, nous pouvons avancer sur le chemin de la foi en nous confiant totalement à la Vérité qui anime notre vie. Tout cela pour que l’image de l’Église ressemble de plus en plus à l’Image du Christ-Roi, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (cf Mc 10, 45).

     Seigneur Jésus, nous Te demandons que ta « sagesse nous tienne dans la vérité, et qu’elle éclaire nos projets et nos actes ».

A tous, bon Dimanche du Christ, Roi de la Vérité.

Votre frère Bogdan