Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 50. Mc 14,12-16.22-26, Solennité du Corps et du Sang du Christ, B, Réflexion 2021

 

    Aujourd’hui, nous fêtons la solennité du Corps et du Sang du Christ. Mais nous fêtons quoi au juste ? Inévitablement cette Fête nous amène à l’Eucharistie. C’est d’autant plus évident quand nous entendons ces mots de notre évangile : « Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude ». Ces mots de Jésus sont liés au moment de la consécration du pain et du vin pendant chaque messe. On peut dire que pendant chaque messe nous sommes les témoins d’un grand mystère qui nous dépasse. C’est vrai, ce mémorial de la Passion et de l’amour du Christ pour chacun de nous excède nos capacités. Néanmoins cela ne signifie pas que ce mystère n’est pas lié avec notre vie. Comment ?


     Dans notre scène, nous trouvons Jésus, un Juif pratiquant, qui désire célébrer une grande fête juive Pessah (la Pâque), fête « des pains sans levain » avec ses disciples. Cette fête actualisait la libération des Israélites d’Égypte et l’Alliance éternelle entre Dieu et son peuple par l’intermédiaire de Moïse. Ce jour-là la famille mangeait l'agneau dont le sang avait été versé sur l'autel du Temple de Jérusalem qui symbolisait Dieu. Ce geste, effectué par un prêtre, reliait les Israélites à leur Dieu, leur « Libérateur ».
Pendant ce repas on mangeait aussi des pains azymes (sans levain) en souvenir de la sortie précipitée d’Égypte ; en effet, ils n’avaient pas le temps de faire lever la pâte de leurs pains. Ce qui est intéressant, c’est que la famille commençait de préparer la fête en se débarrassant de tout le levain de la maison. Pourquoi ? Parce que ce levain leur rappelait la servitude égyptienne et pourtant Dieu avait libéré son peuple pour la vie nouvelle.
     Pour nous, chaque Eucharistie est un appel à cette vie nouvelle symbolisée par le pain azyme. Ce pain sans levain est aussi le symbole de notre propre libération de l'esclavage du péché. À ce propos Saint Paul dit à la communauté de Corinthe : « Vraiment, vous n’avez pas de quoi être fiers : ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ. Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité » (1 Cor 5, 6-8).
     Donc notre Église est restée attachée à cette tradition des pains sans levain pour confectionner les hosties. Après la consécration chaque hostie devient le Christ, notre « Libérateur » en qui notre vie se renouvelle. Les mots de Jésus : « Ceci est mon corps », pourraient être formulés autrement : « C’est moi-même, tout ce que je suis, ce que je suis devenu pour toi afin que tu puisses jouir de la liberté d'enfant de Dieu » (cf Rm 8, 21). Le Christ dit aussi : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude ». Pour les Juifs, le sang a un sens très fort : c'est la vie (Lv 17, 11-14) et la vie est à Dieu. Toute Alliance que Dieu conclut avec les hommes se termine par un sacrifice avec du sang répandu (cf Ex 24, 3-8). Donc, quand le Christ dit à ses disciples : « Ceci est mon sang », il dit : « Voici ma vie, tout mon être que je donne pour toi ».
     Il est vrai que chaque Eucharistie est une rencontre avec un mystère que nous ne pouvons saisir entièrement avec notre esprit. Cependant, nous pouvons le « toucher » avec notre cœur quand nous le désirons dans son intégralité et sans conditions.
     Dans tous les textes de la liturgie de la Parole d’aujourd’hui nous trouvons le mot Alliance. Chaque Eucharistie est une occasion de renouveler mon alliance avec Dieu qui, en Jésus Christ, se donne sans limite pour moi. Pour éclairer un peu ce dont je parle, je pense à un exemple encore assez présent dans notre société – sourire. Ce n’est pas par hasard que le mot « alliance » figure dans la célébration du mariage. Quand les mariés échangent entre eux les alliances, ils se confient l’un à l’autre sans limites et sans conditions pour toute leur vie. C’est le signe de leur amour, pas seulement celui d’une célébration à l’église. Ils portent ces alliances qui les ramènent à la réalité concrète. C’est à peu près la même chose avec l’Eucharistie où derrière les paroles, les gestes, les signes du pain et du vin se trouvent des réalités sans égales pour notre vie.
     L’une des choses que je trouve les plus tristes dans mon ministère, c’est de voir des catholiques considérer l'Eucharistie comme un triste devoir dominical à accomplir.

« Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8)

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P.S. Comme votre curé n’est pas plus sage que l’Église - sourire, je vous laisse avec une citation du Catéchisme de l'Église Catholique au point 1324 qui nous dit que : « L’Eucharistie est source et sommet de toute la vie chrétienne (LG 11). Les autres sacrements ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques sont tous liés à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque » (PO 5). https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P3S.HTM