Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 6 au 15 DÉCEMBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 193. Gn 2, 18-24, XXVII Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024

Sœurs et Frères

     Dimanche dernier nous avons médité un passage du livre des Nombres, quatrième livre du Pentateuque. Aujourd’hui la liturgie nous propose en première lecture, un extrait du livre de la Genèse (le livre des origines, en grec "génésis"), inclus aussi dans le Pentateuque (Torah). Ce premier livre de l’Ancien Testament, comme son nom l’indique, rapporte le récit des « origines », origines du monde, de l’humanité et du mal. Notons que l’extrait qui nous est proposé, a été très commenté par les rabbins et par les théologiens chrétiens au cours des siècles.

     Par tradition, comme pour tous les livres du Pentateuque, le livre de la Genèse est attribué à Moïse. Cependant, pour l’exégèse historico-critique du XXIe siècle, il « est la compilation de textes écrits entre les VIIIe et IIe siècles av. J.-C., sachant que ces récits relèvent, non pas du registre historique, mais avant tout d’une littérature spirituelle et anthropologique qui s’appuie sur des éléments historiques pour donner du sens aux événements »¹. Pourquoi une telle approche contextuelle ? Parce que - même si l’exégèse historico-critique d’un texte biblique ne vous intéresse pas vraiment, mes chers lecteurs - vous ne pouvez nier que tout homme, quelles que soient son époque et sa culture, cherche à connaître les origines du monde qui l’entoure, veut donner sens aux événements qui adviennent dans ce monde et dans sa propre vie.

     C’est le cas de l’auteur de notre texte qui relate, pour ses contemporains et pour nous aussi, comment et pourquoi l’homme a été crée par Dieu. Et je trouve son « intuition » fabuleuse et toujours actuelle ; même si aujourd’hui, pour éclairer ce récit, nous bénéficions d’avancées scientifiques formidables. Et maintenant, c’est à moi de vous convaincre que notre première lecture peut vraiment nous apporter « quelque chose ». Croyez-moi, même nos sœurs féministes seront contentes – sourire.

    Nous nous trouvons donc dans le jardin d’Éden après la création du monde et de l’homme (en hébreux « adâm »). C’est le moment où « le Seigneur Dieu dit : ‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra’ ». Il ne s’agit pas ici d’une « aide » au sens actuel du mot. En effet, le mot hébreu est littéralement traduit par « vis-à-vis », c’est-à-dire « face à face ». Il s’agit d’un être qui fait « face » à l’homme, qui est en relation avec lui. Or dans le texte, aucune créature précédemment nommée par l’homme n’a correspondu à son attente (« il ne trouva aucune aide qui lui corresponde »). Donc la création de cette femme emplit l’homme de joie - et je le comprends bien – sourire : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. » Je dirais que cette phrase a tout son poids. Pas seulement parce que « cette tournure exprime la parenté (cf. Gn 29,14 ; Jg 9,2 ; 2 S 5,1). Homme et femme se disent en hébreux ‘îsh’ et ‘ishsha’. Cette proximité lexicale est utilisée ici par l’auteur pour souligner la similitude de l’homme et de la femme »². Autrement dit, il n’y a pas seulement un lien indissoluble, mais aussi un lien d’égalité entre les deux. Et au verset 24 de notre lecture, nous pouvons constater que l’auteur ratifie « l’attrait que l’homme et la femme éprouvent l’un pour l’autre. Et ces nouveaux liens d’amour se révèlent plus forts que les liens de parenté (voir également Pr 18,22 ; Ct 8,6 ; Qo 9,9) »².

     Tout cela m’amène à quelques réflexions. Tout d’abord qu’un homme (ou une femme) a besoin d’un « vis-à-vis » dans sa vie pour se reconnaître, pour découvrir sa propre identité. Et cela ne peut pas être un animal, même un très mignon petit chien ou chat. Mais quelqu’un qui suscitera en lui une admiration incomparable : - « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » C’est ainsi que fut créé le lien d’amour entre un homme et une femme. Je dirais donc que l’amour entre deux personnes naît de l’admiration mutuelle ; une admiration qui traverse toute la personne que j’ai « vis-à-vis » de moi.

    Ce lien est tellement unique et créatif, qu’il exige de quitter ses parents - « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ». En nous référant à l’évangile de ce jour, on peut dire aussi que l’amour entre un homme et une femme est une adhésion (selon la signification du mot grec « proskolláomai », que nous traduisons par le verbe « s’attacher » cf. Mc 10,7-8). Un attachement mutuel qui relève, tout à la fois, du corps et de l’âme.

Bon Dimanche à chacun et chacune de vous

votre frère Bogdan

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¹ https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_la_Genèse

² voir l’ensemble des notes de la TOB pour Gn 2,18-24 - Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.