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Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 6 au 15 DÉCEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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191. Sg 2, 12.17-20, XXV Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024
Sœurs et Frères
Aujourd’hui nous allons nous pencher, selon l’habitude de l’auteur de cette réflexion – sourire, sur la première lecture tirée de l’Ancien Testament, et plus précisément, du livre de la Sagesse. Vous retrouverez, dans deux « réflexions » précédentes (numéros 154 et 183), les commentaires que j’ai déjà donnés de ce texte. Et malgré cela, je vais, encore une fois, revenir sur certains éléments relatifs au contexte dans lequel il a été écrit. Cela nous permettra, ce dimanche, de mieux comprendre la page que nous avons à méditer.
Avec le livre de la Sagesse, nous avons un ouvrage magnifique, rédigé en grec, qui s’adresse aux Juifs de la diaspora égyptienne (les Juifs d’Alexandrie) dans les années 50 av. J.-C. Des Juifs dont la vie croise chaque jour la culture hellénistique différente de la leur, différente de leur religion. Un commentaire de la TOB souligne que « l’auteur s’adresse d’une part à des lecteurs juifs qui ne savent plus guère ou plus du tout l’hébreu et qui sont comme lui imprégnés de culture hellénistique, d’autre part à des lecteurs grecs qu’il veut convaincre de la supériorité absolue de la sagesse juive »¹. L’auteur anonyme de notre texte a pour but de soutenir la foi de ses compatriotes. Soutenir cette foi dans un contexte totalement défavorable à son expression au quotidien. Nous devons aussi imaginer que ceux, parmi les Juifs, qui voulaient rester fidèles à la foi de leurs ancêtres, étaient déconsidérés par leurs propres compatriotes qui avaient abandonné la foi et la Tradition de « leurs Pères », et pour qui - comme les païens - seule comptait la vie terrestre. Une vie où il n’y pas de place pour la foi en Dieu et ses commandements, source des valeurs morales et des normes à respecter.
Autrement dit, pour ces Juifs, ce qui compte, ce n’est pas Dieu qui transcende toute chose ni « sa Loi » qui appelle le bien et le mal par leurs noms. Ce qui compte, c’est la loi du plus fort - « Écrasons le pauvre et sa justice, soyons sans ménagement pour la veuve, et sans égard pour le vieillard aux cheveux blancs. Que notre force soit la norme de la justice, car ce qui est faible s’avère inutile » (Sg 2,10 -11). Ce qui compte, c’est aussi le plaisir sans mesure, sans frein - « Venez donc et jouissons des bienfaits qui sont là, usons de la créature comme dans la jeunesse, ardemment » (...) « Que personne parmi nous ne s’abstienne de participer à notre orgie. En tous lieux, laissons les signes de notre allégresse : oui, c’est là notre part, notre héritage » (cf. Sg 2,6.9)².
Si je vous ai fait une si longue introduction, c’est pour que nous comprenions mieux pourquoi, dans notre texte, « ceux qui méditent le mal » veulent traquer, éprouver un homme « juste ». Ils veulent cela, parce que la fidélité du juste à la loi de Dieu, sa façon de la vivre au quotidien, devient inévitablement un miroir pour ceux qui ont abandonné une telle loi, et qui voient dans la vie du juste, l’exact contraire de leur propre façon de vivre. Tout simplement parce que cette religion apporte une loi plus juste à l’égard d’autrui et dans la « société ».
En lisant ma réflexion, quelqu’un pourrait dire : « Père Bogdan, je vois bien l’analogie entre les Juifs de la diaspora égyptienne et nous les Européens : nous aussi, nous vivons dans un contexte défavorable, voire hostile à nos valeurs, et dont certaines lois (avortement, euthanasie ...) s’opposent à notre vision de la vie humaine. Nous vivons dans une société où l’existence n’a plus qu’une perspective horizontale, au détriment d’une perspective verticale qui renvoie évidemment à la transcendance. »
Ce n’est pas faux. Mais pour moi, il y quelque chose de plus important à tirer de ce texte - comme de l’ensemble de ce magnifique ouvrage anonyme qu’est le livre de la Sagesse. Nous pouvons en effet constater, encore une fois, que ce n’est pas le contexte qui décide pour nous de la place primordiale donnée à Dieu dans notre cœur. Ce n’est pas le contexte qui décide de ce qui est le plus important dans notre vie et de notre manière de considérer autrui.
Nous pouvons aussi tirer de notre texte cette vérité que parfois nous préférons ignorer : la vraie fidélité à ma foi, à mes convictions, a son prix ; cette fidélité dont voici le seul véritable support : « les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux » (Sg 3,1).
Bon Dimanche à vous tous, votre frère Bogdan – sourire
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¹Voir l’introduction au livre de la Sagesse de la TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012, p. 1799.
²Selon la traduction d’André Chouraqui, https://nachouraqui.tripod.com/id43.htm