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Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 6 au 15 DÉCEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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170. Is 50, 4-7, Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, B, Réflexion 2024
Sœurs et Frères
En ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous retrouvons une fois encore, en première lecture, un passage du prophète Isaïe, situé dans la partie du livre appelée « Second Isaïe » (chapitres 40-55 ; écrit au temps de l’exil du peuple hébreux à Babylone - VIᵉ siècle av. J.-C.). Nous sommes très précisément dans la deuxième section de ce livre, et dans l’une des quatre petites pièces lyriques que l’on appelle les « chants du Serviteur » (Is 42,1-7 ; 49,1-6 ; 50,4-9 ; 52,13-53, 12). Ces quatre pièces présentent « un parfait serviteur de Yahvé, rassembleur de son peuple et lumière des nations, qui prêche la vraie foi, qui expie par sa mort les péchés du peuple et est glorifié par Dieu »*. Notre lecture, qui est le troisième récit de ces chants, décrit les attributs de ce mystérieux et parfait serviteur de Dieu.
Ce n’est pas un hasard si nous lisons ce texte en ce dimanche de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, car les premiers Chrétiens avaient déjà tous les traits du serviteur parfait de Jésus. Ce n’était pas le cas des Israélites déportés chez les païens, en Babylonie bien avant Jésus-Christ. Dans le contexte difficile de l’exil, le mot « serviteur », au singulier, désigne probablement le peuple Israël ou, peut-être, le petit groupe d’exilés restés profondément fidèles à la Loi de Dieu ; ou même encore, un grand personnage historique important pour les Juifs (comme vous pouvez le constater, les exégètes ne sont pas d’accord entre eux – clin d’œil)*.
Tout cela ne nous empêche pas de regarder de plus près ce « serviteur parfait », qu’est pour nous Jésus de Nazareth. Pourquoi ? Pas seulement parce que Jésus fut le « serviteur parfait » de Dieu, qui a souffert pour chacune et chacun de nous. Ce n’est pas non plus, pour glorifier la souffrance en elle-même. La raison est que le chemin - décrit dans notre lecture - est absolument celui d’un enfant de Dieu et d’un disciple du Christ d’aujourd’hui. Parce que cette image du « serviteur parfait » nous parle d’une chose indispensable pour notre foi et pour notre vie en général. Donc…….
Si le Christ répond exactement à cette image du « serviteur » de Dieu, c’est qu’Il fut à l’écoute de Dieu sans reculer (versets 4-5), en dépit des souffrances endurées à cause de sa fidélité à Dieu (verset 6). Serviteur parfait, Il l’est aussi au moment de la tentation par le diable au désert, quand Il cite les mots du Deutéronome (Dt 8,3) - « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4) ; autrement dit, écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique était sa vie.
Si nous observons à présent le verset 7 de notre texte, nous pouvons constater qu’il est, je dirais, la « conséquence » de cette fidélité à Dieu et à ses Lois. Nous lisons donc : « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu »**.
On pourrait dire que notre fidélité, notre chemin sur les traces du Christ, se trouve résumé dans cette phrase. Il s’agit d’une fidélité qui ne recule pas, même devant les outrages ; une fidélité dont la détermination est telle qu’elle rend le visage impassible, la « face dure comme pierre » ; une fidélité dont je n’aurais pas honte.
Mais cette fidélité a une racine qui la nourrit et c’est la conviction que « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours (…), le Seigneur Dieu me vient en aide ». Dans le monde où la fidélité n’est pas à la mode et semble « désuète », nous les chrétiens, nous sommes toujours attachés à cette dimension de notre relation avec l’amour de Dieu. Parce que cela ne nous pèse pas ; au contraire, cette fidélité, malgré tout, nous fait vivre et nous apporte une joie immense.
« Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur. ». (Mt 25,21,23).
Bon Dimanche à chacune et chacun de vous,
votre frère, Bogdan, fidèle au poste pour ses modestes réflexions – sourire.
********
*Selon l’introduction au livre d’Isaïe de la Bible de Jérusalem page 1271, édition du Cerf 2000.
** Pour voir à la fois la complexité et la richesse de la traduction de ce verset 7, voici deux traductions différentes de celle de notre liturgie :
- « C’est que le Seigneur DIEU me vient en aide : dès lors je ne cède pas aux outrages, dès lors j’ai rendu mon visage dur comme un silex, j’ai su que je n’éprouverais pas de honte ». Traduction de la TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012,
- « Adonaï IHVH-Elohîms m’aide, il m’aide ; aussi je ne suis pas en outrage. Aussi, j’ai mis mes faces comme un silex; je le pénètre, non, je ne blêmis pas ». Traduction d'André Chouraqui.
https://nachouraqui.tripod.com/id80.htm