Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 131. Jn 10, 1-10, IV Dimanche de Pâques, A, Réflexion 2023

Sœurs et Frères

Le Christ est ressuscité !

     Notre texte, tiré du quatrième évangile, fait partie d’un passage important du récit johannique qui nous dévoile à la fois la grande révélation messianique du Christ et, en même temps, le refus catégorique de Jésus de se révéler comme tel. (Jn chapitres 7-10). Jésus se trouve à Jérusalem. Il enseigne au Temple – le lieu qui, pour les Juifs, favorisait tout particulièrement la rencontre entre les hommes et Dieu.
     Et voici que nous trouvons dans le texte de Jean deux petites paraboles (Jésus le bon berger – 10,1-7 et Jésus la porte des brebis – Jn 10,7-10) faciles à comprendre pour les gens de l’époque du Christ. Ceux-ci savaient bien que « la nuit, les brebis étaient habituellement parquées dans un enclos entouré d’un muret, et placées sous la protection d’un gardien »*. C’était nécessaire pour les protéger contre les animaux sauvages et les voleurs. Et là les brebis des différents troupeaux se mélangeaient inévitablement entre elles. Cela ne posait apparemment aucun problème puisque Jésus dit clairement que les brebis connaissent la voix de leur berger et « ne suivront pas un étranger ». J’ai d’ailleurs trouvé le témoignage d’un prêtre polonais sur le sujet, alors qu’il séjournait à l’école biblique franciscaine, en Terre Sainte, en 1960. Un jour, lors d’une excursion, lui et les autres étudiants ont rencontré, à quelques kilomètres de Jérusalem, deux jeunes bédouins qui gardaient un grand troupeau de moutons. En fait chacun d’eux avait son propre troupeau, mais les deux étaient si mêlés qu’un œil exercé n’aurait pu dire à qui appartenait telle ou telle brebis. Pourtant, quand les bergers ont appelé leurs moutons, ceux-ci sont instantanément venus rejoindre leur propre berger. Moi-même, je me souviens parfaitement qu’à la campagne, durant mon enfance, les vaches et les chevaux de mon oncle avaient chacun un nom. Il y avait un lien vital entre ces animaux et mon oncle.
     Cependant ce n’est pas seulement un exemple que Jésus donne à ses auditeurs pour leur dévoiler des « réalités divines ». L’Ancien Testament témoigne fréquemment que Dieu est de tout temps le Berger d’Israël, le berger de son Peuple, qu’Il a Lui-même choisi. (cf. par exemple : Ps 23(22) ; 95(94),7 ; Is 53,6 ; Jr 31,10 ; Ez 34,11-16).

   Dans notre évangile, Jésus parle donc d’un fait évident pour ses auditeurs. Et pourtant, nous lisons que les pharisiens n’ont pas compris l’image du berger (cf. verset 6). Dans le déroulé de son discours, le Christ leur a dit solennellement qu’Il est « la porte des brebis ». Et que tous ceux qui sont venus avant Lui « sont des voleurs et des bandits ». Il est certain que les pharisiens ont eu, encore une fois, des difficultés à comprendre le discours du Christ - discours que je qualifierai d’« énigmatique ».
Les troupeaux et leurs bergers, c’était la réalité quotidienne de la vie de ces hommes. Et par ailleurs, ils ne manquaient pas d’avoir une bonne connaissance des Saintes Écritures. Cependant ils n’arrivaient pas à adhérer au message de Jésus. Quel était donc le « problème » des pharisiens ? Cela n’était pas une question de doctrine. Les pharisiens considéraient le prophète de Nazareth comme une menace pour eux, et ils « [se sont réunis en conseil contre Jésus pour voir comment le faire périr » (cf. Mt 12,14)]. Et même Pilate - un païen - a bien compris que ces pharisiens, ainsi que les autres autorités juives, avaient livré Jésus « par jalousie » (cf Mt 27,18).
    La différence entre les pharisiens, ainsi que les autorités religieuses, et Jésus, c’est que les premiers voulaient dominer le Peuple de Dieu et agissaient souvent pour leur propre profit. Au contraire, Jésus était Quelqu’un qui avait reçu une mission de son Père. Saint Jean en témoigne souvent : « Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas. Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. » (Jn 7,28b-29) ; « Moi, je suis à moi-même mon propre témoin, et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi. » (Jn 8,18) ; « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30). Et dans sa mission Jésus n’était pas comme les scribes et les pharisiens qui « attachaient de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargeaient les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne voulaient pas les remuer du doigt » (cf. Mt 23,4).

    En effet, en poursuivant notre texte, nous voyons que Jésus, le bon Berger, respecte parfaitement la liberté de ses brebis parce qu’elles peuvent toujours « entrer et sortir ». Elles peuvent toujours trouver un bon « pâturage », c’est-à-dire la bonne nourriture qui les nourrit vraiment. Or la nourriture essentielle à leur vie - comme à la nôtre - n’est pas seulement d’ordre alimentaire. Ce qui est le plus important, c’est le lien avec Celui qui nous nourrit et qui nous sauve. Et même sans être croyant, on peut tomber d’accord là-dessus : la vie et la science nous prouvent en effet, qu’un enfant ne pourra grandir et s’épanouir que grâce au lien d’amour entre lui et ses parents. Tout ce que le Christ nous enseigne, c’est pour que nous puissions participer à la vie de Dieu le Père. Et pour cela il n’y a pas - tout à la fois - de « Berger » et de « Porte » plus sûrs que la Personne de Jésus Christ et sa Bonne Nouvelle, au cœur de notre vie.

Dimanche de Pâques, Joyeuse fête du Bon Pasteur – sourire,
Votre frère, Bogdan

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*selon la note de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.