Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 128. Mt 28,1-10, A, Réflexion Pâques 2023

Sœurs et Frères

    Nous fêtons la Résurrection du Christ, une fête plus importante que Noël. Et pourtant, selon un sondage de 2009 : « 10 % des Français interrogés croient à la résurrection des morts auprès de Dieu. Chez les catholiques ils sont 13 %, 31 % chez les pratiquants et 57 % chez les pratiquants réguliers »*. Ce sondage nous permet de constater que même chez ceux qui pratiquent régulièrement « ce n’est pas évident », même si nous récitons le Credo à chaque messe dominicale. Ce sondage étonnera peut-être certains d’entre nous, ou peut-être pas ? D’ailleurs les évangiles témoignent que cela ne fut pas non plus une évidence pour les disciples du Christ, quand Il leur a annoncé sa mort et sa résurrection. Et cela ne va pas de soi pour les femmes de notre évangile qui se sont rendues, après le sabbat, pour voir le sépulcre de Jésus (Marc et Luc nous précisent qu’elles vont là-bas pour « embaumer le corps de Jésus » (cf. Mc 16,1; Lc 24,1).
Il est vrai que la foi en la Résurrection du Prophète de Nazareth est un défi pour chaque génération de chrétiens. Quant à moi, j’y crois. Quelqu’un me dira peut-être : « Bon sang, évidemment ! Les curés doivent y croire, ils n’ont pas le choix ». Ce n’est pas forcément simple- sourire. Mais pourquoi j’y crois ? Je vais vous donner quelques raisons. Et peut-être pourrais-je ainsi rassurer les 57 % pratiquants réguliers qui croient à la Résurrection ; peut-être aussi convaincre les 43 % autres d’essayer au moins de « mettre la barre plus haut » - sourire.

    Quand je vous parle de la résurrection, je ne peux pas oublier le grand personnage du Nouveau Testament qu’est pour nous saint Paul. Aux Corinthiens qui doutent de la résurrection des morts, il dit : « S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (voir 1 Co 15,13-14). Je dirais que le constat de Paul est fort et concret. Celui qui se décrit lui-même comme un « avorton » (voir 1 Co 15,8) - autrement dit un être chétif, incapable de vivre- celui-là témoigne aux Galates : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (voir Ga 2,20). Ces mots me permettent de tirer une conclusion cruciale, mais pas toujours facile pour nous. À savoir qu’il n’y a pas de résurrection sans expérience personnelle de la mort. Ce que nous pouvons constater non seulement chez Paul, mais aussi chez les autres disciples qui -Pierre le tout premier- sont allés à la pêche après la mort de leur Maître ; tant ils ne savaient que faire. Il ne suffit donc pas d’ajouter « une couche de peinture » pour corriger quelque chose de ma vie et la rendre plus belle.
    En effet, si nous voulons parler de la « résurrection », et pas simplement au sens chrétien du terme, nous devons parler de ce passage de la mort à la vie. Je ne parle pas seulement de la résurrection après la mort. Parce que la « résurrection » -on pourrait dire aussi le « relèvement » - doit faire partie de notre vie quotidienne. Et c’est d’ailleurs le cas. Voici quelques exemples : une femme qui a tout donné et qui, après un divorce douloureux, a le courage de recommencer sa vie « de zéro » ; un homme qui, les deux jambes paralysées après un accident, poursuit son rêve en pratiquant un sport de haut niveau et représente son pays au jeux olympiques ; une personne qui pardonne à son père de l’avoir abandonnée pendant toute son enfance ; et enfin quelqu’un qui pardonne à soi-même une faute grave qui a bouleversé toute sa vie …

   A la fin, je voudrais encore insister sur une dimension importante et indispensable de l’expérience de la résurrection dans nos vies. Matthieu nous relate, que l’ange du Seigneur dit aux femmes que Jésus le Crucifié « est ressuscité, comme Il l’avait dit ». Le verbe grec egégertai, qui désigne la résurrection du Christ, peut être traduit par Il « a été ressuscité ». Cela nous amène à la dimension relationnelle de la résurrection qui présuppose l’action d’une autre personne. Pour le Christ c’est évidemment son Père. Jésus s’est abandonné totalement à Lui, et c’est par Lui qu’Il a été ressuscité. Si nous transposons à notre échelle, c’est ce qui se passe par exemple quand quelqu’un « s’abandonne » à un psychothérapeute, en espérant en toute confiance qu’il pourra le « ressusciter » de ses blessures et le restaurer pour une vie nouvelle. Autre exemple : en Ukraine, où de nombreux villages sont complètement rasés et beaucoup de civiles sont morts, les gens continuent de se battre contre un des pays les plus puissants, parce qu’ils croient à la « résurrection » de leur patrie.

   Pour terminer, je vous laisse avec ces mots du Christ dans l’évangile selon saint Jean : « Moi, je suis le relèvement et la vie. Qui adhère à moi, même s’il est mort, vivra ; et tout vivant qui adhère à moi ne mourra jamais en pérennité » (Jn 11,25-26 - traduction d’André Chouraqui) *. Aujourd’hui, au moment où en France, on « ouvre la voie à une aide active à mourir », le Christ t’ouvre chaque jour » la voie à la vie. Avec le Ressuscité tu peux trouver une vie qui dépasse toutes les sortes de mort de ce monde.

Bonne fête de Pâques, bon passage de la mort à la vie pour chacune et chacun de vous, GRANDE joie dans vos cœurs – sourire,
Votre frère Bogdan

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*https://www.cairn.info/revue-commentaire-2009-3-page-782.htm#:~:text=10%20%25%20des%20Fran%C3%A7ais%20interrog%C3%A9s%20croient,57%20%25%20chez%20les%20pratiquants%20r%C3%A9guliers.

*https://nachouraqui.tripod.com/id60.htm