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Père Bogdan LESKO, curé. Annonces du 01er avril au 9 avril 2023(Historique de l'agenda) |
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120. Mt 4,12-23, III Dimanche du Temps ordinaire, A, Réflexion 2023
Sœurs et Frères
J’avoue qu’à l’école, je n’étais pas très fort en géographie et pourtant j’ose commencer ma réflexion par une remarque géographique – sourire. Dans notre évangile, nous lisons qu’après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus « se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali ». Matthieu fait aussi référence aux paroles du prophète Isaïe (voir première lecture) qui évoquent ces territoires comme « couverts » de ténèbres mais qui ont vu une « grande lumière ». Cette allusion biblique de Matthieu nous renvoie probablement au VIII siècle avant J. C., au moment des troubles qui eurent lieu dans cette région habitée par deux des douze tribus d’Israël (Zabulon et Nephtali). Ces régions-là furent les premières à être annexées par le roi d’Assyrie, Tiglath-Piléser III¹.
Évidemment, si l’auteur de notre Évangile nous renvoie à cet épisode, ce n’est pas un hasard. Et certainement, son but n’était pas de donner un cours de géographie à votre frère Bogdan – sourire. Son objectif était de transmettre un message fort à ses auditeurs.
« Pour préciser, non seulement le lieu, mais la signification prophétique du ministère de Jésus dès son début, Matthieu seul, cite Isaïe 8,23-9,1, en en modifiant d’ailleurs assez profondément le texte. Ces mots caractérisent l’ensemble de l’évangile matthéen : en Galilée, Jésus s’adresse aux tribus du peuple les plus menacées par la nuit païenne, comme l’était Israël de la part des Assyriens. Par là même, ce ministère prend contact avec toutes les nations (28,19). Alors que d’autres se retirent au désert (p. ex. les gens de Qumrân ou Jean-Baptiste) ou concentrent leur activité à Jérusalem, Jésus, l’Emmanuel, annoncé par le prophète, (Is 7,14 ; 8,8.10) choisit la Galilée des nations que Matthieu évoque tout au long de son évangile (voir 2,22 ; 3,13 ; 4,23.25 ; 28,16) »². Ainsi le Christ inaugure son ministère dans la « Galilée des nations », à savoir une région bien peuplée où habitaient beaucoup de païens. Les Juifs représentaient environ un tiers de l'ensemble de la population de Galilée à l'époque du Christ.
Et maintenant j’« entends » quelqu’un me dire ceci : « Bogdan, de la deuxième partie de notre récit d’aujourd’hui, c’est-à-dire de l’appel des premiers disciples, vous ne nous dites rien ? C’est important quand-même ! » - sourire. Alors pour répondre à cette demande, j’ai trouvé une explication très intéressante – sourire. Elle nous permettra de comprendre ce qu’est « être un disciple de Jésus ». Nous lisons dans le récit de Matthieu que les pêcheurs interpelés par Jésus « le suivirent ». Notons que « dans le judaïsme du Ier siècle, le verbe ‘suivre’ désignait couramment le respect, l’obéissance et les nombreux services que les disciples des rabbis devaient à leurs maîtres. En appliquant ce terme à Jésus et à ses disciples, Matthieu en transforme le sens sur plusieurs points :
1. ce n’est plus l'élève qui choisit son maître (selon les coutumes de l’époque) ; l’appel vient de Jésus et il lui est généralement répondu par une obéissance immédiate (4,22 ; 9,9) ;
2. les disciples suivent Jésus non seulement comme auditeurs mais comme collaborateurs, témoins du Règne de Dieu, ouvriers dans sa moisson (10,1-27) ; de même que chez les Zélotes, les disciples s’attachent non seulement à l’enseignement du maître, mais à sa personne ;
3. Matthieu relève souvent que les foules suivent Jésus, indiquant par là qu'elles cherchent obscurément en lui le maître qu’elles n’ont pas trouvé chez les rabbis attitrés de la synagogue (4,25; 8,1; 12,15; 14,13; etc.) ;
4. en un second temps, Jésus procède à une critique de cette suite, montrant qu’elle signifie beaucoup plus que ce que les disciples ou les foules avaient d’abord imaginé ; suivre Jésus, ce n'est rien de moins que se charger de sa croix (16,24) »³.
Toutes ces explications me conduisent à quelques conclusions. Le Christ commence son activité publique après l’arrestation de Jean le Baptiste. On peut dire qu’Il n’a pas choisi un moment très favorable. Quant au lieu, Il choisit la région où les païens sont en majorité. Et de plus, Il appelle comme disciples, des gens simples qui jusque-là ne Le suivent pas vraiment. Ils semblent plutôt être attachés au succès public de leur Maître qu’à sa magnifique Personne et à sa mission.
Alors si nous considérons notre cœur - notre vie - comme une « Galilée » qui n’est pas entièrement touchée par la lumière, qui n’est pas entièrement croyante en Jésus, nous pouvons considérer cet évangile - qui relate le début de la mission du Christ et de son appel - comme une bonne nouvelle pour nous. Le Christ veut commencer à nouveau son cheminement dans nos cœurs, là où nous trouvons plutôt les « ténèbres », là où nous manque la Lumière qui apporte la Vie. Et même si nous ne sommes pas aujourd’hui capables de comprendre Son appel, nous pouvons repartir avec Lui. Car ce qui semble être le chemin vers l’inconnu est en réalité le chemin le plus sûr vers la paix du cœur et la bonté.
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¹selon la référence de la TOB pour Is 9,11 – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.
²selon la référence de la TOB pour Mt 4,16 – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.
³selon la référence de la TOB pour Mt 4,20 – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.
Bon Dimanche - sourire, votre frère Bogdan