Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

117. Lc 2, 16-21, Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, A, Réflexion 2023

Sœurs et Frères

    Si je devais dire en une phrase ce qu’est le christianisme, je dirais que c’est une religion de transformation. La transformation du cœur humain qui trouve son reflet dans la vie quotidienne de quelqu’un qui s’accroche vraiment au Christ et à son message. Et si je devais répondre à la question suivante : « Pourquoi les catholiques sont-ils obligés par l’Église d’aller chaque dimanche à la messe – ce « truc » si ennuyeux et plutôt pour les vieux », je répondrais que, quand on va à la messe, ce n’est pas seulement pour participer à une liturgie, mais pour que notre vie « devienne » une magnifique et incomparable liturgie.

   On me dira : « Frère Bogdan, allez plus loin dans votre réflexion pour me convaincre, car pour l’instant, franchement, je ne suis pas d’accord avec vous ». J’ai compris et je me précipite pour persuader tous mes lecteurs « sceptiques » – sourire. Et pour défendre mes propositions, je vais me servir de l’évangile d’aujourd’hui qui, par ailleurs, est la continuation de celui que nous avons lu à la messe, la nuit de Noël.

Donc, je commence par examiner le christianisme comme « la religion de la transformation » du cœur, et en conséquence de notre vie. Cette transformation ne se fait pas toute seule, sans un engagement personnel. Elle trouve ses racines dans l’écoute d’un message qui est extérieur à moi. Quelque chose qui « m’a été annoncé » (un événement, une rencontre, un message oral, la lecture d’un texte de la Bible, etc.). Ce fut le cas des bergers, de la Maman de Jésus et de son entourage. Tous ont reçu un message, en apparence extérieur à eux. Et le texte nous prouve que cette annonce, étonna beaucoup du monde. Dans la vie, il arrive aussi que quelque chose nous étonne. Cependant, après un moment, nous l’oublions et nous passons outre. Cela ne fut pas le cas des bergers qui ont immédiatement quitté les champs et se sont mis en route. Ce ne fut pas non plus le cas de Marie, qui « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (verset 19). Notons que ces deux verbes, « retenir et méditer », ont une signification très riche dans le contexte biblique notamment. On pourrait dire que Marie « interprétait » tous ces événements dans son cœur. En effet le verbe grec que l’on traduit par « méditer » est, dans sa langue d’origine, « un terme technique pour l’interprétation des oracles »¹. Quant à André Chouraqui, il nous dit que Marie : « garde tout cela et l’accueille dans son cœur »². Quelle que soit la traduction que nous choisissons, ce simple constat de l’auteur de l’évangile nous dévoile le cœur de Marie. Le mot « cœur », dans la Bible est « le siège de toute la vie intime de l’homme : sa pensée, sa mémoire, ses sentiments, ses décisions (voir 2,19.35.51… et surtout 21,14)³.


    Et maintenant je me tourne vers les autres acteurs de notre récit, notamment les bergers, pour « défendre » ma deuxième proposition : la vie d’un chrétien a pour but de devenir une magnifique et incomparable liturgie adressée à Dieu. Je dis « incomparable » parce que chacun de nous a un rapport unique avec l’amour de Dieu. Songeons que les bergers étaient à l’époque des marginaux de la société, pas vraiment « des enfants de chœur » (comme on dit en France – sourire) ; leur métier itinérant les empêchait de fréquenter la synagogue et de respecter le sabbat. Et pourtant, je peux dire que leur vie est devenue « une magnifique liturgie » adressée à Dieu : ils ont cru au message qu’ils ont reçu et ils sont devenus les premiers « apôtres » de la Bonne Nouvelle de la naissance du Messie. Ils ne pratiquaient pas la loi d’Israël comme il le « fallait », mais ils ont « glorifié et loué Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé » (verset 20). Autrement dit, Jésus a trouvé sa demeure dans leur cœur. Et si l’Église souligne l’importance d’aller à l’Eucharistie dominicale, c’est pour que le Christ puisse trouver sa demeure dans notre cœur, et que la vie de chacun de nous devienne une liturgie de louange vers l’amour de Dieu ; Dieu qui ne cherche que notre bonheur et notre joie.

    J’ai entendu jadis en Pologne cette phrase, inspirée peut-être de la philosophie de Camus : « la vie d’un être humain sans réflexion ne vaut pas la peine d’être vécue ». Je pourrais dire de même que la religion sans méditation, sans une recherche de sens dans l’intimité du cœur, une religion qui n’est pas une incomparable liturgie de louange vers Dieu, ne vaut pas la peine d’être pratiquée…

Je ne sais pas si j’ai réussi à « défendre » mes deux thèses. Mais, si ce n’est pas le cas cette fois-ci, ce sera certainement la prochaine – sourire.

Pour l’instant, à tous mes lecteurs, je souhaite une Bonne Année 2023, encore plus marquée par la présence et l’amour de Dieu – sourire.

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¹selon la référence de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.
²https://nachouraqui.tripod.com/id55.htm,
³selon la référence pour Lc 1,66 de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.