Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

115. Mt 1,18-24 IV Dimanche de l’Avent, A, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     Notre évangile nous rapproche de la Fête de la Nativité de Jésus Christ. Il nous parle évidement d’Emmanuel. Mais pas de celui qui veut nous « sauver » pendant la crise énergétique en nous rassurant, en nous disant de ne pas « paniquer » face aux risques de coupures d’électricité - sourire.
     Notre texte nous annonce un Emmanuel, c’est-à-dire : « Dieu-avec-nous » (v. 23). Mais, un peu avant cette phrase, nous lisons que Joseph donnera à cet enfant qui « vient de l’Esprit Saint », le nom de Jésus, c’est-à-dire : « Le-Seigneur-sauve ». Ce « détail » n’est pas sans importance car Joseph, en nommant l’enfant selon l’usage commun, Le considère formellement comme son fils. De plus, en donnant son nom à cet enfant, il Lui confère la filiation davidique.

     Quelqu’un pourrait me dire : « Bogdan, l’auteur de cet évangile adresse son message aux Juifs pour leur prouver que Jésus est le Messie, tellement attendu par eux. Et c’est la raison pour laquelle notre texte est rédigé de cette façon ». Ce n’est pas faux – sourire. Mais on peut ajouter que « ce récit est sans doute le résultat d’une longue élaboration littéraire. Reprenant probablement un récit apologétique antérieur (un songe : voir Mt 2,13.19), où Dieu évoque, à travers les objections de Joseph, les calomnies concernant la naissance virginale, Mathieu l’oriente théologiquement grâce à la citation d’Isaïe 7,14 qui exprime la foi de l’Église en la conception virginale (voir Le 1,26-38). Ce faisant, la réponse est donnée à la question posée par la généalogie : voici la manière dont Jésus, quoique fils d’une vierge, a été fils de David * ». C’est pourquoi la façon dont Mathieu a composé son évangile ne doit pas nous étonner. Nous-mêmes, quand nous adressons une lettre à quelqu'un, nous essayons de lui transmettre le message qui le concerne et nous appuyant sur des éléments essentiels.
Quoi qu’il en soit, il y a dans notre récit un personnage fascinant, même s’il parait muet, car en effet il ne dit pas un seul mot. On pourrait alors me poser une nouvelle question, sans doute pertinente – sourire : « Bogdan, pourquoi quelqu’un comme Joseph, qui ne dit rien et dont nous ne savons pas ce qu’il pense vraiment, est pour vous une « personnage fascinant ? » Et encore : « Est-ce que l’Église a bien fait de déclarer « saint » quelqu’un dont il ne reste pas un seul mot, tout simplement parce qu’il était le père légal du Christ ? ». Alors, suivez-moi et vous verrez – sourire.

    On sera tous d’accord pour dire que, ce qui compte dans la vie, ce qui « dévoile le fond » d’une personne, ce ne sont pas les beaux discours et les grandes déclarations. Ce qui compte c’est le comportement de la personne dans les situations concrètes, quand elle doit donner des preuves de sa valeur. Nous trouvons essentiel que quelqu’un tienne sa parole et ses engagements. Joseph a fait cela en accueillant l’enfant de Marie comme le sien, et en Le mettant dans la lignée de ses ancêtres. Et ce qu’il a fait n’était pas évident. En effet, dans ma pastorale, il m’arrive de baptiser des enfants dont le père est absent parce qu’il n’a pas voulu reconnaître l’enfant comme sien. De plus, en ce, qui concerne Joseph, il a été capable de fuir en Égypte pour sauver la vie de Jésus (voir Mt 2,13 -15).
     Mais, il y a encore quelque chose « en plus » dans son comportement. En effet, il a dû faire face à une situation sociale très compliquée avec une femme enceinte « par l’action de l’Esprit Saint ». Alors, comme chacun de nous, il a cherché une issue à cette situation. Joseph était quelqu’un qui écoutait Dieu et qui voulait toujours agir par amour pour Lui. Il a donc fait le choix peu confortable d’accueillir les vies qui lui étaient confiées, celles de Marie et Jésus son enfant. On peut dire que Joseph est un homme qui a abandonné la vision légitime de la vie et du mariage, au profit d’un amour absolu ; un amour qui accepte le mystère de la vie d’un autre - le mystère de Marie -, un amour qui ne déserte pas dans les difficultés. Dans ce contexte, je pourrais dire, que ce qui fait de nous des personnes « saintes » aux yeux de Dieu, c’est une « oreille du cœur » ouverte à Sa voix, et le don désintéressé de soi pour la vie d’un autre. Et c’est la raison pour laquelle je suis d’accord avec un prêtre polonais qui a dit : « Sans mots, vous pouvez devenir un saint, sans actes - non » (la traduction n’est probablement pas trop parfaite – sourire).

    C’est ainsi que Joseph est la figure de l’amour silencieux, qui ne fait pas de bruit autour de lui, mais qui se transforme en un dynamisme magnifique pour le bonheur des autres.

************

*selon la référence de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.

Bon Dimanche, Votre frère Bogdan