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Cinq clés pour comprendre l’encyclique « Fratelli Tutti ». Xavier Le Normand, La Croix, le 04.10.2020

Explication Fratelli Tutti (Tous frères), la troisième encyclique du pape François a été dévoilée dimanche 4 octobre, jour de la fête de saint François d’Assise. Partant d’un constant sombre mais appelant à la fraternité et à « l’amitié sociale » ce document magistériel relativement long est un condensé de la pensée du pape François.
Xavier Le Normand, le 04/10/2020 à 15:07 Modifié le 04/10/2020 à 15:53
Lecture en 3 min.
Cinq clés pour comprendre l’encyclique « Fratelli Tutti »
Le pape François lors de la prière de l’Angélus dimanche 4 octobre 2020

1/Un constat sombre
Le nouveau document magistériel du pape François s’ouvre sur une sorte de bilan particulièrement peu réjouissant de l’état actuel du monde. Le pape ne s’en cache d’ailleurs pas, son premier chapitre étant intitulé « Les ombres d’un monde fermé » et son premier titre de section « Des rêves qui se brisent en morceaux ». « L’histoire est en train de donner des signes de recul », s’alarme le pape qui s’interroge : « Que signifient aujourd’hui des termes comme démocratie, liberté, justice, unité ? Ils ont été dénaturés et déformés pour être utilisés comme des instruments de domination. » Selon lui, le monde actuel connaît une période de repli sur soi et de xénophobie, dont les premières victimes sont les pauvres.

2/Un cri d’alarme contre le populisme démagogique
→ DOSSIER. L’encyclique Fratelli Tutti (Tous frères) du pape François

« Les groupes populistes fermés défigurent le terme “peuple”, puisqu’en réalité ce dont il parle n’est pas le vrai peuple », tance l’encyclique qui dénonce un « populisme malsain » et « irresponsable ». « Parfois, on cherche à gagner en popularité en exacerbant les penchants les plus bas et égoïstes de certains secteurs de la population », redoute le pape.

Ce n’est pas pour autant que François, adepte de la « théologie du peuple », disqualifie le peuple, mot qui revient à 95 reprises dans la nouvelle encyclique. Au numéro 185, le pape affirme ainsi que « chacun n’est pleinement une personne qu’en appartenant à un peuple ».

3/ L’amitié sociale
→ ANALYSE.« Fratelli Tutti », les rêves de fraternité d’un pape inquiet pour le monde

Selon son sous-titre, Fratelli Tutti porte non seulement sur la fraternité, mais aussi sur « l’amitié sociale », un concept forgé dans les années 2000 par celui qui était encore le cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires (Argentine). « L’amour qui s’étend au-delà des frontières a pour fondement ce que nous appelons “l’amitié sociale” dans chaque ville ou dans chaque pays. Lorsqu’elle est authentique, cette amitié sociale au sein d’une communauté est la condition de la possibilité d’une ouverture universelle vraie. »

Pour le pape François, c’est cette « amitié sociale » qui a permis au bon Samaritain de la parabole (Luc 10.25-37) « d’interrompre son voyage, de changer de projet, d’être disponible pour s’ouvrir à la surprise de l’homme blessé qui avait besoin de lui ».

4/ La dignité inaliénable de chacun
→ DOCUMENT Encyclique - “Fratelli Tutti” : le texte intégral

Pour parvenir à « l’amitié sociale et la fraternité universelle », explique François, il faut « réaliser combien vaut un être humain, combien vaut une personne, toujours et en toutes circonstances ». Tout homme « a le droit de vivre dans la dignité » et si « ce principe élémentaire n’est pas préservé, il n’y a d’avenir ni pour la fraternité ni pour la survie de l’humanité ». Ce rappel est l’occasion pour le pape de dénoncer ceux, y compris parmi les chrétiens, dont l’attitude revient à considérer certains, à commencer par les migrants, comme étant « dotés de moins d’humanité ».

Source de la fraternité, venue de Dieu selon les chrétiens, cette dignité inaliénable permet également au pape d’affirmer à nouveau que la peine de mort est « inadmissible » et de mettre fortement en doute la possibilité d’une « guerre juste ».

5/ L’artisanat de la paix
La construction de la paix, affirme l’encyclique, est un « artisanat » qui « nous concerne tous » et « une tâche sans répit ». « La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais l’engagement inlassable – surtout de la part de nous autres qui exerçons une charge liée à une plus grande responsabilité – de reconnaître, de garantir et de reconstruire concrètement la dignité bien des fois oubliée ou ignorée, de nos frères. »

(À lire aussi - De Lampedusa au Covid, comment la fraternité traverse le pontificat de François)

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Autre condition de la paix : le pardon, auquel le pape consacre de très belles lignes. « Ceux qui pardonnent en vérité n’oublient pas, mais renoncent à être possédés par cette même force destructrice dont ils ont été victimes », salue François avant de poursuivre : « Le pardon, c’est précisément ce qui permet de rechercher la justice sans tomber dans le cercle vicieux de la vengeance, ni dans l’injustice de l’oubli. »