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L’interdiction de se recueillir sur les corps suscite une vive blessure, La Croix, Loup Besmond de Senneville, le 21.04.2020
Depuis le 1er avril, de très nombreuses familles n’ont pu se recueillir sur le corps de leur proche décédé, en raison de règles imposées pour des raisons sanitaires.
Certains professionnels, appuyés par le Comité d’éthique, demandent un assouplissement de ces règles « imposées sans nuance et de façon brutale ».
Loup Besmond de Senneville, le 21/04/2020 à 06:00 Modifié le 21/04/2020 à 08:00
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L’interdiction de se recueillir sur les corps suscite une vive blessure
Recueillement auprès d’une victime du Covid-19 dans
une maison funéraire.
Ce sont quelques lignes qui ont provoqué des situations encore impensables il y a peu… et fait couler beaucoup d’encre. En imposant la mise en bière immédiate d’une personne décédée après avoir contracté le coronavirus depuis le 1er avril, et ce pour des raisons sanitaires, un décret a de fait interdit aux familles de voir un proche après sa mort.
Ces règles ont jeté le trouble, aussi bien dans les familles que parmi les soignants. Et elles ont imposé aux hôpitaux de ne pas recevoir les proches du défunt, faute de lieux adéquats pour pouvoir conserver les corps dans de bonnes conditions, une fois mis en bière.
« Cela a abouti à l’ouverture de lieux spécifiques, comme ce hall de Rungis dont on a beaucoup parlé, mais il y a eu d’autres initiatives de ce type dans d’autres régions », explique le professeur Grégoire Moutel, médecin légiste au CHU de Caen et responsable de l’espace de réflexion éthique de Normandie. Il affirme que certaines sociétés funéraires facturent notamment le coût de la garde du corps. « Certaines familles nous ont dit qu’on leur avait demandé 400 € pour six jours, alors que cette somme serait très modique à l’hôpital », déplore le professeur Moutel, qui échange régulièrement avec des confrères de toute la France sur ce sujet sensible.
Mais au-delà de la question financière, c’est surtout l’impossibilité de voir le corps qui choque. « Cela donne des situations invraisemblables : avec le confinement, certains ne peuvent pas voir leur proche, ni en fin de vie, ni après sa mort », alerte Grégoire Moutel. Si certains hôpitaux, comme le CHU de Caen, permettent pendant 24 heures aux familles, dans des conditions strictes, de voir le visage de leur proche, c’est loin d’être le cas partout. Et notamment dans les Ehpad.
Cette inégalité a poussé le professeur Moutel, avec d’autres professionnels, à demander une clarification des règles en vigueur. « Nous demandons que tout le monde puisse voir son proche dans les 24 heures qui suivent sa mort. C’est une mesure d’humanité », souligne ce médecin. Un délai encore très limité, puisqu’il ne permet pas aux membres de la famille habitant loin de se rendre à temps auprès du corps de leur proche.
Dans un avis rendu public vendredi 17 avril, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est fait l’écho des inquiétudes des familles et des « fortes incompréhensions » exprimées par les professionnels de santé. Dans un avis au ton inhabituellement ferme, le Comité précise ainsi que la bioéthique implique « de définir ce que les vivants doivent s’interdire de faire avec les corps des personnes défuntes ». Appelant à respecter « une marque d’humanité extrêmement précieuse, qu’aucune célébration ultérieure ne pourra remplacer ».
« Ces mesures de privation », alerte ainsi le CCNE, même si « elles s’entendent bien évidemment au nom de l’hygiène et du risque épidémique », risquent « d’engendrer des situations de deuil compliquées, des représentations de la mort pouvant être sources de souffrance et d’angoisse, chez les adultes et chez les enfants ». D’autant plus, insiste le CCNE, que ces règles ont été « imposées sans nuance et de façon brutale ».
Ces appels pourraient bien avoir été entendus. Selon nos informations, l’Élysée a validé dimanche 19 avril le principe d’une modification des règles en vigueur. Elles devraient être connues dans les prochains jours.